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épicentre

à l’épicentre de la vie 
l’émotion
elle est rencontre absorption fusion
sensation née du mouvement
caressant des contraires
le jour se transforme en nuit
la pluie en brume
l’amour en soupir
le ciel rejoint la mer
un bleu devient un vert
le souvenir une ombre
la main tendue une inflexion

le temps n’est que somme
de microscopies
tout est vivant qui se transforme
la femme est dans l’homme
l’enfant dans l’adulte
la fleur dans le soleil

pour se comprendre un peu mieux
il faut lire entre les mots
on ne se voit bien
qu'en clignant les yeux
courbant la ligne de l’âme
pour qu’elle accepte l’autre
et ses vibrations

suivre son horloge
avant qu'elle ne sonne 
la fin du vivant
l’arrêt de tous les changements
quand la nuit restera nuit
et le silence silence

Texte de Luc Fayard illustré par 20 œuvres d'art contemporain; voir la mise en scène dans Galerie Amavero et instagram.com/lucfayard.poete

trait noir

trait noir d’horizon
surmonté d’un demi-cercle
qui deviendra cercle
se hissant lentement
fatalement 
le plus haut possible
dans le ciel
tous les jours
jusqu’à la fin du monde

coincés entre la voûte bleue 
et le vaste foncé 
glissant parfois vers le vert
bloquées entre ces deux univers
de fines couches orangées
font les tampons ouatés
entre deux mondes

tous les matins sans musique
à l’heure à peine glissante
se déroule la même lente 
et splendide cinématique

rien ni personne d’autre
pour la goûter
pas même un cri d’oiseau
silence de pleine mer
sauf ce léger bruissement
de brise tiède
aux multiples futurs

et si en plus ce jour-là
la mer est plate 
l’homme vivra
il le sait
la seule expérience possible
du paisible infini

conscient de son humble position
invité du dernier rang
quand la nature oxygène 
l’âme du marin
il respire sans fards la splendeur 
du plus beau spectacle du monde

chaque jour
minimaliste 
le même scénario
et pourtant chaque jour 
une émotion différente
étreinte de vérité
crainte de faiblesse
offrande de beauté
mystère de demain
bout d’éternité 
dans un bout d’âme
fenêtre ouverte 
sur l’absolu

debout sur le pont 
tête haute 
main serrant la filière
dire merci

parfois à l’aube
les couleurs grimacent
vers le plus noir
le vent a choisi de forcer
la mer aussi se fonce et bouge
secouée par en-dessous
du bruit plein les oreilles
ça siffle et ça tape
beaucoup de travail
les mains prises
pas le temps de rêver

mais le marin le sait
là-bas derrière la brume
et la barrière de pluie
même dans le gris
et la lourde fureur
le disque se lève encore
et encore

immuable beauté 
de la nature
sans spectateur

Texte: Luc Fayard

petits riens de bonheur

soudain la voici
apparition
cœur en surchauffe
sa peau de louve
ses yeux de brume
le long nez fier
cheveux cachés
envie de les lisser
ah la belle oracle
tête inclinée
elle écoute
réfléchit
quand elle marche
fragile
son corps agile
crée sa bulle
le vent s’écarte
sur la silhouette
dansante
statue vivante
art en mouvement
le temps perplexe
contemple l'instant 
à peindre sur site
quand tout se fige
les lignes fuient
l’ombre s’agrandit
et puis voila
elle est partie
sur un soupir 
un sourire

le monde s'enroue
et dans la brèche
créée par elle
dans la grande ronde
il ne reste à peine
qu'un souvenir de parfum
la gracilité des mains
l'image floue
de sa moue
rien que des petits riens
de bonheur

Texte : Luc Fayard
voir l'oeuvre créée par l'IA en lisant ce texte
voir la mise en scène plus classique de Galerie Amavero

sous les ponts

sous les ponts
coule toujours la Seine
et les amours racontent
les mêmes histoires
les quais soupirent
des rencontres passantes
éternité de l’âme
émotions du poète
devant l’eau qui file
oxymore emblème
de la présence éphémère

appel du vent

quand le vent des arbres et des champs
glissant par la fenêtre ouverte
se frotte à toi sans préambule
quand les mésanges piaillent
sous la bourrasque ébouriffante
quand le ciel te salue solennel
dans un nuage de feuilles alanguies
mourant en jouant

alors fou d'amour et d'orgueil
tu rêves d'union aux forces vivantes
tu embrasses l'air bourru
dans les hauteurs paresseuses

tu voudrais que l'esprit
expire un souffle vert
tu serais cet oiseau décidé
qui rit sans savoir où il va

mais la caresse a fui
virgule distraite
la nature immobile se tait
tout n'est plus que décor

en soupirant tu fermes la fenêtre
une fois de plus lourd indécis
tu ne t’es pas envolé
il aurait pourtant suffi de presque rien

suivre le sillon d'une larme
guetter l'effluve à paraître 
sur la nervure cambrée d'un tourbillon vivant
tendre les bras vers le ciel aspirant

mais qui sait un jour peut-être
tu ne resteras pas insensible à l’appel du vent

Les Ambésis 25 octobre 2013-6 décembre 2015
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier