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credo non credo

jje ne crois pas aux rimes éternelles
à la vérité blanchie par les ans
aux serments ritournelles
aux adorateurs tremblants

je crois que rien n’est fini
ni certain
tout en devenir
même l’amour
je crois à la divine fragilité des mots
à la chaleur persistante du corps
à la jeunesse ardente
aux heures indécises
quand le jour assombri
ne sait pas encore
qu’il est devenu nuit

je ne crois pas aux danses infidèles
à la sagesse miracle 
derrière un paravent de lâcheté
aux souvenirs sépia
des émotions volées

je crois à l’intégrité de l’âme
reçue comme un don
mûrie par l’effort persistant
peuplée d’instincts
et de sensations

je ne crois pas au destin imposé
par la volonté imparable
d’une raison impératrice
tout est construit
par l’imagination

je crois à la force invincible
du cœur meurtri
à la parole de l’ami
perfusion de vie
au soutien des vents invisibles 
qui te maintiennent debout

je crois à un avenir
construit sans promesses
je crois en toi
malgré mes faiblesses

Texte: Luc Fayard
voir une mise en scène dans Poésie de l'art
et une autre dans @lucfayard.poete

madeleines

la maison fait penser
aux madeleines de Proust
exhalant un passé
teinté de mystère
et de failles de scénario
ici et là dans l’histoire
le feu des souvenirs
se mélange au miroir
du présent recomposé
qui sommes-nous
dans l’aller-retour constant
de la mémoire trouée

boule

une boule de pétanque
c’est beau c’est lourd
vieille et cabossée
elle brille plus
car elle est
présent et passé
une dans chaque main
le plus bel équilibre
quand le joueur la lance
son corps son âme
s’envolent avec elle
en l’air tous les souffles
sont suspendus
le temps aussi
et quand elle retombe…

ferme

il y a quelques années
c’était une ferme
pleine de bruits
et d’animaux
aujourd’hui
havre de paix
de quiétude de silence
mais les toits et les murs
rappellent les temps du labeur
et des mains calleuses
le passé et le présent
s’épaulent pour un futur
d’équilibre et de bonheur

l'ombre est riche

l’ombre est riche en sous-entendus
du néant naitra l’aquarelle
créant enfin des parallèles
de joies et pleurs inattendus

le temps échappant aux saisons
jouira goulument d'un présent
créateur d'instants apaisants
ton bonheur sera sans blason

dans une impulsion circulaire 
des courbes infiniment rondes
ouvriront l’espace du monde
à ton cœur jadis en colère

la danse des plaisirs humains
jouera sa fière farandole
balancée comme une gondole
par l’ivresse des lendemains

ayant relu toutes les bibles
tes amours ne seront plus feintes
et dans les couleurs demi-teintes
tu verras enfin l’invisible

morts sombres

dans le désert où tout est répété 
enfouis par des années de terre rocailleuse 
confinant en sépulcre leurs âmes rêveuses
je contacte les morts sombres sous mes pieds

je les devine qui souffrent gémissent
au souvenir des chevaux mors aux dents
et des troupeaux de yaks aux mille sangs
moutons et chèvres mêlés aux comices

le temps s’est arrêté je sens
le temps serpent temps araignée
grand moqueur de l'air et des gens
maître de l'univers du vent

et pourtant sous le ciel de pluie
la roue a tourné malgré lui
des 4x4 se sont introduits
violant le passé du décor
insouciants du tumulte en terre
où se découragent les morts
égarés surpris délétères
cassés par le cri des moteurs 
le crépitement des radios
le grésillement des antennes
tous les dieux anciens sont outrés

et quand nous partirons tristes bohèmes
enchainés au présent des charlatans
laissant seuls les nomades survivants
les morts ne seront jamais plus les mêmes

haies

tout ce qui existe 
est là-bas présent
derrière la haie 
caché mais vivant
il faut y aller 
quitte à s’écorcher
ôter ce qui gêne 
à coups d’oxygène
et quand on y est 
tout a permuté
 
rien n’est révélé naturellement
tout évolue dans un temps progressif
vivre n’est qu’un glissement agressif
de l’ombre des réalités des gens
 
il faut imaginer ce qui sera
rien ne reste figé ci et là
enseveli pêle-mêle 
dans un passé poubelle
 
je hais les haies
elles sont partout 
devant derrière
sur les côtés
 
la vie est un enclos de reclus
il faudrait être singe ou kangourou
quand on est limace ou serpent
il faudrait être gourou
quand on est mouton
bêlant ses reproches et ses regrets
sa malvoyance et ses fragilités
 
l’homme est un animal qui pleure
cloitré il ne saura jamais
son talent pour l’éternité
dans le grand tintamarre des heures
 
je voudrais être un grand oiseau
volant sur les arbres les eaux
les petitesses les soupçons 
vers l’hypnotisant horizon 
toujours plus loin toujours plus fort
comme sont la vie et la mort

je veux tout

je veux tout
ensemble 
à la fois
l’amour et la joie
la musique et les mots
le nombre et le silence

je veux le présent et le passé les nuits et les jours
le futur je m’en fous il viendra toujours

je veux des rires fous des tableaux couverts de nuages
pour m’envoler dans leurs rêves bleus sans âge

je veux qu’on m’aime et qu’on me déteste
comme si j’étais le centre du monde
au moins un soir une fois je me déleste
je le promets je me tiendrais coi dans la lumière ronde

sur la scène sous les feux de la rampe dorée
tous les regards tournés vers mon cri
me salueraient les yeux mouillés
surtout les filles qui savent qui je suis
surtout celles qui m’ont regardé la tête penchée
avant de partir sans un seul regret

et puis je m’en irai dans le noir de l’oubli
sans me retourner à petits pas
le dos voûté dans ses plis
espérant les rappels qui ne viendront pas

j'irai enfouir mon cœur en berne
comme un ours qui hiberne

je veux me souvenir du passé qui me fuit
je n’ai pas toujours été ce que je suis

j’aimerai tant redevenir l'enfant naïf
souriant sur les photos noir et blanc
être à nouveau cet ange blond
au moins un jour une nuit
le cœur lavé d'un regard pur
quand la vie était encore un conte de fées
rempli d’elfes gentils de sourires larges
de soupes fumantes et de babils

mais c’était avant que tout ne soit sali
d’une manière incompréhensible
la nuit se tapissait là tout près
et blessa les gens que j’aimais
je ne saurai jamais pourquoi
je veux pouvoir pardonner 
sans oublier
mais c’est dur 
mon âme a rouillé
la porte de mon cœur s'est coincée

alors 
en attendant
je veux des petits enfants 
qui courent en riant dans la plaine
habillant l’espace et le temps 
de leurs pirouettes incertaines
je les verrai grandir comme si j’étais immortel
je veux tous mes amis flottant en ribambelle

je veux tout
la chaleur et le frisson
la tristesse et le pardon
je veux vivre chaque minute pleine de paix et de fureur
je veux tout oublier et me souvenir de tout 
du bonheur
jusqu’au bout
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier