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paysage

la pierre et le sang
le chêne et la cendre
le pin et la croix
l’eau qui sourd
en chuintant
le ciel repeint
comme un décor
la colline traître
derrière sa rondeur
la montagne
aux pics de brume
et sur les chemins
qui tournent toujours
les cailloux blêmes
durs et tranchants
pour vous rappeller
qu’il faut avancer
quand même

Hommage à la Provence

Texte de Luc Fayard inspiré par les tableaux Postcards from Provence, de Julian Merrow-Smith, à voir dans Galerie Amavero

arbre araignée

un jour l’arbre viendra en ville
il s’accrochera aux pavés
pour sucer le gaz
et mieux respirer

le poids du ciel gris
abaissera ses branches
qui ramperont au sol
comme une araignée

les bras tordus de douleur
il continuera de grandir
vers les marches des palais
sous l’œil étonné des passants

mais un jour viendra où
ses branches durcies
devenues glaives vengeurs
renverseront les murs et les portes
tailladeront les sols
transperceront les gens

et la douleur sans fin
ne sera plus chez lui

Texte de Luc Fayard, inspiré par Fitzcarraldo, d’Henrique Oliveira (place Graslin, à Nantes, été 2024); voir mise en scène dans Galerie Amavero

il faudrait

il faudrait que le vent
poussant les montagnes
et les icebergs
bâtisse le couloir
d'un passage abrité

il faudrait que la main
saluant comme une feuille
emporte avec elle
la pensée vers le ciel
dans le grand tournoiement

il faudrait qu’un sourire
pose du bleu sur le gris
venant calmer à point
les ardeurs opiniâtres
des accents trop aigus

il faudrait étreindre les arbres
pour que leur frémissement
nous parcoure le corps
nos pieds prenant racine
dans l’histoire du monde

il faudrait brûler les regrets
dans un feu de joie
pour que chaque crépitement
signe un nouveau succès
sur la fatalité

il faudrait que nos prières
se joignent pour créer
l'invincible lumière
empêchant la nuit à jamais
d'actionner sa  crécelle

Texte: Luc Fayard
Voir des versions mises en scène dans Galerie Amavero, dans Poésie de l'Art et dans instagram.com/lucfayard.poete

chêne de bronze

ci-git un chêne
de bronze

la neige tombe
sur les Tuileries
voyelles gelées
et les passants muets
qui passent dans le jardin français
c'est janvier

bientôt
aux branches immobiles
une sève nouvelle fait chanter les rameaux `
sibyllines voyelles
voici l’if et le frêne
le peuplier et l’aulne
et l’autre chêne vert

chêne aux veines d’airain
tu demeures
renversé
dans l’été qui accable

puis les chaises vides et le vent qui sibile
les passants et les feuilles
les voyelles tombées
les châtaignes éclatées
et ton tronc
de novembre
arrêté
mordoré
dans le jardin français

Texte de Sylvie Dallloz inspiré de : L’Arbre des voyelles,  de Giuseppe Penone
(dans le Jardin des Tuileries). Photo : Raymonde Contensous

Le Jeu de l'arbre

Un arbre planté dans un square
Ombrage les boulistes du soir.
Se prenant parfois un coup de métal,
Il tient bon lorsque ricochent
Sur ses écorces solides
Des boulets reflétant
Ses racines sur la terre noire.

Et dans ce square vivant
Des bancs attendent des conquêtes,
Cœurs mûrs, seuls ou entourés,
Regardant les joueurs
Faire vibrer le sol
Jusqu'à la pointe des cimes.

Mis en scène dans Galerie Amavero
Texte: Paul Artaut
inspiré de l'œuvre: Voyage urbain, de Lucas Ribeyron

signes

de petits signes
éparpillés
bourgeons prégnants
lumière insistante
infimes frémissements
dans les frondaisons
le chant des oiseaux
qui devient plus aigu
même le tronc des arbres
change de couleur
de texture de chaleur
partout la pousse pimpante
le printemps est là

arbre et mer

l’arbre aime la mer
son odeur salée
le sable granulé
qui lui mord les pieds
il se nourrit
du bruit des vagues
du cri des mouettes
il pousse ses branches
le plus loin possible
pour attirer les visiteurs
dans son ombre tiède
nourrie d’histoires tendres
et de passions secrètes

uniforme

l’uniforme est rouge
comme le soleil
ou la terre
de certains pays
les bleus mer et ciel
se croisent et s’épaulent
les arbres sont rectilignes
comme des murs d’école
dehors tout est droit
dans les cœurs
tout est rond

promenade

je me promenais
sous les couleurs
éclatantes
des frondaisons
les arbres se voûtaient
pour abriter mes pensées
je marchais sur les tapis
teints de l'orient
doux comme le tamis
des souvenirs anciens
la journée s’étirait
en petits carrés d'infini

olivier

l’olivier n’est pas
qu’un arbre rabougri
mainte fois taillé
il peut être fort
comme un chêne
et dominer la plaine
il est si vieux alors
il en a vu 
des merles le picorer
des hommes  le secouer
aujourd’hui enfin stérile
le centenaire apaisé 

l'arbre dit aux maisons

l’arbre dit aux maisons
vous voyez la mer là-bas
elle vient vers vous
pour vous envelopper
de son odeur salée
ici la lumière étincelle
le vent est un allié
espiègle et volage
quand le soleil s’invite
le temps paresse
et le sourire des gens
se plisse et rêve

palette

la forêt et ses couleurs
palette infinie
tout est mouvement
bruissement
arbres coupés
troncs entassés
d’autres couleurs
se dévoilent encore
prégnantes 
plus foncées
marcher sous les arbres
les feuilles sous les pieds
une aventure feutrée
mobilisant tous les sens
avec au bout du chemin
un cadeau inoubliable
la découverte de soi

sève

quand la forêt perd ses couleurs
elle en prend d’autres
et s’endort en apparence
pour se réveiller
plus forte et verte
les odeurs vont changer
l’épicé deviendra feutré
la mousse exhalera son humidité
marcheur nos rêveries
ne seront pas les mêmes
elles suivent le même cycle
mais ne se rétrécissent pas
comme la sève l’hiver
au contraire elles s’épanouissent
aux couleurs de chaque saison
et nous fortifient

maison secrète

il était une fois
sous un ciel gris
une triste allée d’arbres
aux feuilles d'étendards

de chaque côté
la haie touffue
la serrait en pressoir
à l'abri du vent

sur le lac gelé par les ans
le sentier menait 
en se rétrécissant
à un manoir secret

jamais personne n'y entra
moi seul connut celle qui l'habita
belle comme un fantôme glacé

chênes verts

chênes verts dénoués de rustres restanques
soleil filtré créant un relief fractionné
terre ocre et âcre aux cailloux de rochers
grattée çà et là par quelques sangliers tenaces
les champignons se montrent insolents
les truffes se cachent évidemment
ici on les entend légers
des oiseaux sont heureux ils sont chez eux
l'air possède une densité spéciale
cristalline comme un sourire irréfléchi
ténébreuse comme la texture des sens inspirés
il faudra que tout reste ainsi
l'homme ne va rien changer à cette riante gravité
juste y ajouter le souffle de son passé
pour qu'il se marie à ce présent mature
juste un instrument de plus accordé
à la symphonie ambiguë de la nature

pays de l'enfance

les roses trémières
illuminent le sentier
de ce pays magique
où volètent des fées
déguisées en fleurs 
les lampions éclairent
la pénombre des frondaisons
les arbres chantent à mi-voix
des berceuses qui parlent
de géants aux bottes d’or
c’est le pays de l’enfance

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier