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sirène

la plage est un monde à part
avec ses éléments
barques galets algues
et ses habitants
crabes crevettes couteaux
un monde balayé
par les gestes lents
de la marée
comme un coiffeur
qui lisserait la chevelure
d’une sirène alanguie

la vie par la fenêtre

liquidambar
exhalant maigre
un long sanglot
sur ses bourgeons

en ligne haute
d'un val bruyant
la canopée
coiffée en blanc

le vent figé
encrant la scène
comme un tableau
de Pissarro

le chêne mousse
ouvrant ses bras
aux oiseaux bleus 
lustrant leur nid

et devant moi 
en possession
du fauteuil gris
dort le chat roux 

lové en rêve
à l'immobile
il est la mort
guettant sa proie

l’animal    |   moi aussi
respire     |   moi aussi
au ralenti  |   moi aussi


Texte: Luc Fayard
inspiré par la vérité confirmée par la photographie de Luc Fayard
voir la mise en scène sur Poésie de l'Art

œil de tigre

un œil de tigre
au grand jamais
vous ne le verrez
d’aussi près
tant mieux pour vous
d’ailleurs le tigre
est difficile à voir
il est tapi
lui il vous voit
depuis longtemps
et il attend

mésange bleue

l’oiseau n’est pas
seulement ce petit être
charmant comme
la mésange bleue
il est aussi l’animal
au langage le plus évolué
de tous les animaux
du son aigu à la trille
où l’envolée flutée
mais aussi en dansant
en gonflant les plumes
il sait dire tellement
de choses diverses
qu’on en reste coi
écoutons-le

panthère

elle me regarda
longtemps
fixement
sans bouger  
moi non plus
je ne bougeais pas
dans ses yeux je vis
défiler ma vie
et le peu de cas
qu’elle en faisait
finalement
elle me jugea
insignifiant
et s’en alla
sans même 

lièvre danseur

le lièvre farceur
me demanda
veux-tu danser ma sœur
sans attendre il m’entraina
dans une ronde insensée
absurde endiablée
le lièvre danseur
est un fanfaron
il saisit toute occasion
de faire le charmeur
le fou la toupie
nous dansâmes ainsi
enserrés enlacés
toute la nuit
au petit matin frais
il agita son bras
et s’en alla

enfant animal

méfiant 
toujours aux aguets
le singe pourrait être
un enfant animal 
qui se souvient 
de la souffrance
prêt à vivre 
à tout prix
malgré la jungle 
et le noir
il ravale ses pleurs
jamais tu n’oublieras
ce regard aveugle
pénétrant
qui te broie l’âme
et t’interroges
qui es-tu donc
vivant à moitié mort
qui n’ose parler de toi

à petits pas

elle s’avance à petits pas
levant vers moi son regard clair
impératif et fier
je ne sais ce qui me trouble le plus
sa rousseur ou ses yeux verts
quand elle s’étend lentement sur le lit
elle s’en empare sans lutte
se lovant d’une manière incroyablement ronde
prise de possession totale capture
je ne suis plus que son prisonnier fatal

dès qu’elle surgit
tout l’espace lui appartient
quand elle frotte sa tête contre la mienne
j’entends son cœur qui ne bat que pour moi

elle est la grâce et le mystère
jamais elle ne crie 
toujours ses yeux parlent pour elle

quand elle me quitte
d’une démarche souple et altière
le temps se fige
je ne respire plus 
je n'existe plus pour elle
je ne survis que pour son retour
m’occupant sans âme à des tâches incertaines
la vie n’est qu’une lutte entre désir et spleen

elle me rend plus aimable et souriant
telle est sa marque sur le sceau du temps
partout où elle vit hautaine
elle se déplace en reine
sans hâte
ma chatte

cercle infini de l'enfant

je suis
la fleur rougissante du soir
le vent sentimental et dense
le chevreuil campé dans le noir
la forêt plantureuse en transe

je suis
la pluie marbrée bue goulûment
le nuage arrondi en pleurs
le rêve du monde écumant
la voie de l’ange du bonheur

je suis
la vie sauteuse de barrières
le chuchotement indistinct
le mot où la pensée se terre
le silence brutal divin

je suis
la friction de dissentiment
la pierre sur quoi trébucher
le poisson limpide et gluant
le lac abyssal encerclé

je suis
le buisson de varech errant
la fourmi peureuse aux aguets
le papillon virevoltant
l’herbe consumée par l’été

je suis plus que chaque élément
je suis la chaîne reliant

la fleur butinée par le vent
le chevreuil dansant en forêt
la pluie des nuages pleurants
le rêve d’anges métissés
la vie qu’on voudrait chuchotée
le mot pensé plein de silence
le heurt de la pierre butée
le poisson du lac d’abondance
le varech cachant les fourmis
le papillon herbe de vie

comme un grand ensemble une roue
je suis l’enfant qui perçoit tout

trois haïkus d’animal

je veux être chat
pour me glisser contre toi
dans ta longue nuit

je veux être chien
pour que tes doigts me caressent
dans le creux du dos

je veux être mouche
pour te titiller le nez
et que tu me chasses
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier