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éloge de l'ombre

bien sûr il a fallu 
que naisse la lumière
pour ensuite l’oublier 
définitivement
ne garder que les demi-teintes
et surtout les jeux les renvois
les bégaiements 
avancer sur le côté 
balbutiant

laisser l’âme s’émouvoir de l’obscur
le cœur frissonner du soupçon d’un remous
le sourire s’embellir de l’énigmatique

contempler les aspérités 
pour ne pas s’en blesser
suivre les perspectives en flèches
vers les frondaisons dansantes

ne rien croire d’abord
tout imaginer

écouter le vent quand il trouble la pluie
profiter de la fraîcheur entre jour et nuit
quand la vie prend le goût 
d’un petit grain de sel 
glissant sur une peau  tannée

de l’amour 
ne retenir que ses frôlements
débuts bruissements
les senteurs de jeunesse
 silences rapprochés
la brutale attente de la rencontre
instants figés

dans la nature et dans l’homme
étudier sans cesse le plus fort contraste
la ligne de fuite évasive et décidée
qui dessinera l’arrière-plan

dans les replis brumeux
déformer la silhouette du temps 
suivre les fantômes blancs
dans les traces des passants

et quand tu graveras
ton propre sillon
sentir comme l'iode
la liberté t’envahir
à pas de géant

Hommage à Junichiro Tanizaki

Finaliste du Diplôme d'Honneur - Concours Europoésie-Unicef 2023

illustré par 
Nocturne in Black and Gold - the Falling Rocket, de James Abbott McNeill Whistler ou bien par Mystère et mélancolie d'une rue, de Giorgio di Chirico

fleur de jeunesse

nuances vives des couleurs
lignes assouplies des tiges
envie de rosée et de soleil
la fleur ne sait pas
qu’elle est belle
s’étirant dans le matin frais
elle épanouit sa force
comme la jeunesse
insoucieuse du lendemain
d’abord vivre
et sourire

vie croquée

tu es la vie
croquée d’un large sourire
lumineuse élancée 
tu bondis
lune et soleil 
le même rire
tout est mouvement chez toi
flèche volant au but tout droit
mais qui flânerait en route
à ses moments de doute
secrète comme un pays de cocagne
où tu pourrais rêver
si l’envie t’en prenait

avec toi tout est possible
ils le savent bien
tu leur as donné la main
les voilà qui s’accolent
en farandole
tu es la vie 
avec sa force ses secrets ses espoirs
tu as les plus grands yeux du monde
ceux qui t’aiment y plongent en délices
dans un bain de jouvence
peuplé de connivence
tu es la vie

tu n’es pas un ange 
je le sais bien
je t’ai vue naître 
je m’en souviens
mais à te voir secouer tes cheveux
et poser sur le monde subjugué
l’immense voile de ton cœur heureux
on devine les ailes qui t’emportent
loin très loin 
plus loin que toutes les portes

à Z.

lumière et vie

elle me dit
que la lumière soit
mais la lumière fuit
elle insiste elle me dit
je suis la lumière
alors pour lui plaire
j’imite Giono
si tu veux ta place au soleil
ne cherches pas à faire de la place
fais du soleil

subjugué par le sortilège
je saisis mon crayon sacrilège
j’écris longtemps fiévreusement
de tout mon être frémissant
je veux du soleil et de l’ombre
sur les murmures des enfants
je veux des rayons de folie
sur les silences des murs blancs
transperçant le fil de la vie
j’entends la vibration du monde
née de chaque instant altérable
distillé par l’infinie ronde
des joies et peines insatiables
le soir ensemble tapis
on écouterait 
la douce nuit tomber
sur nos têtes alanguies
on pleurerait un peu
sur le passé sinueux
sur les destinées mystérieuses
l’élégant ciel de Provence 
rose et bleu
serait strié
de ses trainées vaporeuses
la cigale infatigable 
continuerait de pousser
son cri rogue et nu
d’un air peu aimable
sans souci du noir venu

et le matin 
la lumière clamerait 
je suis là
à nouveau
plus forte qu’hier
plus déterminée

ici même l’ombre te donne la force de vivre
à la frontière de couleurs infinies
tu discernes tout 
les peines et les envies
les chagrins et les désirs
tu vois la vie qui s’agrandit de courbes floues
tu vois les mains qui se tendent et se nouent
tu vois les yeux des autres qui te disent vas-y
pleure aime joue ris
tu vois l’amour qui enveloppe tout
dans ses bras ivres et doux
ton cœur apaisera ses cris

le violent torrent de ton âme
grâce à ces yeux affectueux
suivra un cours moins frénétique
goûtant même l’égarement
le temps devenu flegmatique
vibrant au rythme du présent

alors
plein de gaieté reconnaissante
ce jour serein de l’accalmie
à ta jeunesse impatiente
je dirai simplement merci
d’avoir su me parler 
juste quand il le fallait
de lumière et de vie

à L.
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier