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vieux amis

immuables rochers battus par la mer des ans
vaillants rocs ridés ils se taisent souvent
indifférents au vent chahuteur
l’œil bienveillant comme une invitation
ils partagent l’implicite sans évocation

chacun sa voie et toujours ce même plaisir
se retrouver sans se chercher se quitter sans se perdre
ils sont plus forts que l’amour plus indulgents
ici on pardonne volontiers ou alors on oublie

les vieux amis n’ont plus rien à se prouver
mais ils peuvent encore s’étonner
comme surprennent parfois
a lumière sur un nuage
une mélodie en la mineur
la dentelle du brouillard nappant les champs
le sourire volé d’une rencontre fugitive
un cri de joie déchirant l'air

un cœur serein est à l’affût
tellement prêt à écouter
que plus rien n’est à inventer
des ajustements tout au plus
quelques détours à empocher

jamais de silences plus chauds
battements du cœur plus profonds
doux moments intimes plus longs
à boire et chanter hisser haut

on peut se battre à perdre haleine
et tout oublier dans un rire
quand vient le hoquet fuit la haine
on se dit tout dans un sourire

ne mourant pas comme l'amour
les vieux amis seront un jour
dans l'infini beauté des choses
là où les anges font la pose

quelque part dans l’azur bleuté
flotte le jardin des amis
c’est bien mieux que le paradis
et surtout bien moins fréquenté

pluie des tropiques

ce qui tombe du ciel 
n'est pas un crachin breton 
c’est une infamie 
de l'eau lourde et méchante 
la goutte épaisse et bien grasse 
sans chichis 

cette pluie ne s'insinue pas elle frappe 
elle veut tout tremper 
les petits et les gros 
le cou le genou les endroits sensibles 
sur la peau et sur la terre 
des doigts de pieds jusqu'aux cimes des arbres 
rien ne lui résistera 

ce n’est pas un rideau cette pluie 
c'est une grille une prison un marteau 
quand elle vous vient dessus 
comme ça 
sans prévenir 
vous n’êtes plus qu'une mare 
une dégoulinade 
rien ne sert de résister 
c'est foutu 

et puis au moment où vous allez hurler 
sur cette averse ennemie 
pluie brutale des ténèbres sans vent 
violeuse d’espaces et de temps 
hop elle est partie 
aussi légère qu'une plume
la garce 

et vous restez là comme un sourd 
les bras ballants le souffle court 
l’œil humide sans aucune arme 
baptisé pour l'éternité 
enchainé à un sol en loque 
tandis que la dernière larme 
quittant votre sourcil dressé 
tombe sur le sol mouillé floc
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier