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aux pages citoyens

circulez y’a rien à voir
balayez-moi tout ça
notes futiles grinçantes
phrases inutiles trébuchantes
tableaux de mensonges
à quoi ça sert tout ça hein
rien que du temps perdu

taisez-vous
pas de sons pas de mots
ne parlons même pas des dessins
n’y pensez plus
et d’ailleurs
ne pensez plus
ou plutôt 
ne pensez rien
qu’on ne vous dise de penser
c’est à peine 
si vous avez le droit
de respirer 

allez ouste
mots notes
images croquis
pensées
tous à la poubelle
et qu’on retrouve enfin
de belles pages blanches
comme des plages sans touristes
et sans parasols
et surtout vides vides
débarrassées des parasites
venus d’on ne sait où
de derrière les mesures 
et les points d’exclamation
armés de bécarres
ou d’allégories les gueux

- mais la nuit
dans le noir
ils viendront
les parasites
comme des rats affamés
des serpents à sonnettes
les sans papier
les sans note les sans mot
ils se glisseront dans vos rues
et pendant que vous dormirez
ils fouilleront dans vos poubelles
derrière vos murs et vos maisons
pour s'enfuir avec des trésors
de sens et de beauté
dont ils feront des étendards
de toutes les couleurs
armes de la victoire finale
sur la fatalité

aux pages citoyens
noircissez-les

Texte de Luc Fayard inspiré par l’actualité de ce fabuleux dessin des balayeurs de notes , probablement sur une partition d’Eugène Ketterer, dessin dont je n’ai pu retrouver la source ; si vous l’avez, donnez-la moi s’il vous plait, j’ai horreur de publier sans sourcer. Merci. 
Voir la mise en scène dans Galerie Amavero

nouvelles correspondances

il y  a de la musique dans un tableau
mais elle joue une drôle de partition
polyphonique
à la fois solo dans chaque recoin
qui nous attire irrésistible
et symphonie qui éclate
dès qu’on embrasse l’œuvre 
d’un regard de spectateur lointain
puis les solos reprennent ici et là
en suivant l’âme des yeux
qui déroule un parcours non écrit

il y a de la peinture dans la musique
chaque note possède sa propre couleur

do tout en majesté 
en tenue de majordome
noir pour s’imposer

si tout au bout du chemin
note si joyeuse
blanc de robe de mariée

la grave et dominant
tous comptent sur lui
vieux monsieur digne et las
fronçant les sourcils
marron foncé évidemment

le ré résonne 
comme un renouveau
une renaissance
bleu indigo

mi c'est une note du milieu 
mélange mixité
prête à tous les arrangements
violet composite

le fa sonne et claque 
comme le printemps 
comme un drapeau
vert d’eau

enfin le sol terre à terre
pilier de tant de création
clé qui ouvre toutes les portes
rouge comme le sang des artistes



noires visions

hirondelles sur trois fils oppressées
notes de musique en croches serrées
lignes d'écriture ancienne inconnue
collier sas fin de cailloux sculptés nus
mystérieux message cryptographié
feuilles mortes tout en noir épinglées
enfantins dessins de maisons bancales
purs fantômes alignés gris et sales
traits denses brisés en haut et en bas
l’incessant ballet ne finira pas

j'aime la musique qui chante

j’aime la musique qui chante
sans les piaillements d’un saxo courant après les notes
j’aime l’harmonie horizontale qui raconte une histoire
sans la fureur verticale qui plaque des accords impossibles
j’aime le silence l’introduction l’espoir
au piano je n’aime pas les mains qui s’entrechoquent
j’aime la main gauche qui épaule la main droite
qui lui permet de chanter
j’aime la note qui dure un peu plus longtemps que prévu
suspendue dans cette attente où tout s’imagine
j’aime la musique qui permet de créer sa musique
comme un tableau commencé par l’artiste qu’on pourrait poursuivre
une palette de couleurs à compléter en ouvrant les mains
j’aime quand le souvenir s’incruste
quand la vibration s’accorde à l’âme
une fréquence inconnue dans les livres
j’aime la sublime guitare
quand elle offre chaque note
ciselée comme une œuvre d’art
et la mélodie qui se déploie comme une symphonie
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier