Affichage des articles dont le libellé est vieille femme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est vieille femme. Afficher tous les articles

éternelle universalité de la douleur

quand leurs maris sont partis
il y a des siècles semble-t-il
les deux femmes bouddhistes
sont entrées au temple de Gandan
chaussées de leurs bottes mongoles
elles y sont restées
leurs doigts égrenant le temps
sur de longs chapelets ridés

les jours de marché
assises là dans ce recoin
toujours le même
recroquevillées
sur les marches du temple
aussi usées qu’elles
elles parlent à mi-voix
des gens qui passent 
avec le temps
comme s’ils avaient de l’importance
et ils doivent en avoir
puisqu’elles sont encore là pour en parler

chaque fois qu’elles se retrouvent
la conversation reprend
à l’endroit exact où elle s’était arrêtée
elles commentent de minuscules épisodes
le fil de la vie se déroule
c’est le tout qui forme le monde
tout se raconte
plus rien ne les surprend
mais tout les intéresse
surtout les choses du dedans
car leurs yeux plissés de compassion
sont tournés vers les âmes qui souffrent
les sans voix les solitaires les épleurées
celles qui subissent en silence
l’éternelle universalité de la douleur

vieille hunzukut

elle compte plus de rides sur sa peau cuivrée
que d’années dans son corps voûté
toujours elle baisse les yeux et fronce le nez
sans sourire et sans le faire exprès
le soleil distribue la lumière et l’ombre
sur un visage auréolé
ses fins cheveux gris et ambre
amplifient la force de sa stature
pour elle le temps qui passe et qu’il fait
n’a pas notre valeur hypertrophiée
elle l’a définitivement apprivoisé
derrière ses yeux plissés

voir dans Poésie de l'Art une mise en scène avec illustration IA
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier