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ode à tarutao

cri animal dans la moiteur verte de l'île
macaques gris nounous de grands yeux apeurés
nœuds de mangroves serpentines inviolées
rivière tordue vers la grotte aux crocodiles

comme l'eau le temps a repris son cours originel
à l'écart des bruits inutiles irréels
les hommes sont calmes et souriants
les enfants s'ennuient mollement
les chats miaulent pour le décor
des marcassins grognons traversent le parc d'or

jour et nuit soleil et pluie jouent à cache cache
et à chaque fois c'est la nature qui gagne
les arbres si hauts la lumière et la couleur
sont plus forts et plus éclatants ici qu'ailleurs

déserte la plage la plus longue sur terre
laisse s'échouer quelques rouleaux nonchalants
au large un phare breton protège la baie
où mouille un sloop rouillé de gangsta solitaire

l'île halte invite au repos
comme si l'écriteau du débarcadère
te prévenait attention voyageur délétère
sur le sable de l'îlot
tu ne poses pas que ton bagage
tu poses aussi ton rêve ta vie tes gages
et quant tu repartiras vers le vacarme
ici à Tarutao l'oubliée
toi le voyageur pressé
tu auras laissé un bout de ton âme

Thaïlande-mars 2017

indienne

à la façon dont elle vient vers toi 
tu ne respires plus 
les yeux verts et la voix chantante 
elle danse en marchant 
sombre pure et directe 
elle sourit de tout son corps 
et quand elle te regarde franchement 
tu ne peux pas mentir 

un enfant accourt 
elle l'enserre dans ses bras 
il s'y pelotonne les yeux fermés 
et ronronne de plaisir 
sa main le couve royale 

tout est couleur sur elle 
tout est douceur en elle 
elle est le chant des oiseaux 
le bruissement des palmes 
le miel de la papaye 
elle est la lenteur du temps 
le balancement de la mer

un dernier sourire 
la tête penchée 
elle part en glissant dans un rêve 
et toi longtemps après que l'ombre vaporeuse 
d'une femme voilée douce calme et joyeuse 
se soit évanouie de la chaleur humide 
tu garderas en toi cette entrevue numide 
vertige surpris de paix lumière et de vie 
miracle précieux d'une apparition bénie

port launay

Là-haut le morne retient les nuages
Sur un rocher à l'entrée de la baie
Une croix dit peut-être
Qu'ici des hommes ont péri

Le ciel est aussi chargé
Que le silence est léger
Une houle du nord pas méchante
Vient mourir sur la plage

L'anse est profonde et calme vivante
Sur le rivage
La barque de pêcheur blanche et jaune
Se balance
Immuablement

Une tortue sort sa tête de l'eau
Comme un périscope
Elle regarde si tout va bien
Puis elle disparaît

Un banc de poissons argentés
Poursuivi par un invisible requin
Joue à saute-mouton sur les vagues

Des chauves-souris grosses comme des corbeaux
Piaillent dans les grottes granitiques
D'autres traversent la baie
Battant l'air d'un air abattu
Avec leurs drôles d'ailes à l'envers

De temps en temps
D'un bruit sec
Une noix tombe d'un cocotier

Sur la plage
L'ombre pieuvre des takamakas
Protège le sable

Là-haut le morne retient les nuages

Seychelles janvier 2005

genou dans la nuit

extérieur nuit 
ambiance plage tropicale 
d'abord le son roque des rouleaux 
grondement qui enfle et qui dure 

premier plan 
un genou de femme 
sans doute allongée les jambes repliées 

deuxième plan 
l'écume de vagues longues 
qui s'enroulent se déroulent 

incidemment au bord de l'eau 
de petits crabes blancs courent comme des fusées 
après un départ catapulte 

arrière-plan
les lumières d'un rocher un hôtel peut-être 

et le roulement revient occupe toute la scène 
on ne voit plus que ce genou sur fond d'écume 
ce genou chair devant la vague laiteuse 
ce bout de statue face aux allers-retours de la mer 
la vie immobile et qui finira 
face à la vie qui bougera toujours

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier