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disco

en ce temps-là
on s’habillait en couleur
la musique était folle
tout était possible
le sexe le bruit la nuit
les gens dansaient
des heures en transe
dans les discothèques
au petit matin
on riait encore
de ses accoutrements
pattes d’eph et coiffure afro
c'était le temps du disco

rouleaux

les rouleaux se déroulent
l’écume fume
les vagues divaguent
les bleus marins
embrassent le ciel
accueillent le vent
la côte regarde étonnée
ce spectacle quotidien
de force et de bruit
la mer sauvage et fière
que l’homme toujours
voudra dompter

architecte

il est sorti
fumer une cigarette
trop de bruit là-dedans
ah ces artistes
en discussion
il goûte un moment
le calme serein
de son jardin
le temps de s'imaginer
un avenir glorieux
d’architecte ami des arts
puis il rentrera
dans le brouhaha
qu’il aime bien
finalement
il en fait partie

inspiré par : Charles Le Cœur (Auguste Renoir)

port du sud

tous les bruits sont là
le gai klaxon des voitures
sur les quais agités
de mouvements variés
le boum-boum-boum 
des bateaux à moteur
qui glissent sur l’eau
le bruissement 
des filets de pêche 
enroulés à la poupe
les voix riantes
qui s’interpellent 
en crieurs de marchés
d’habitude un tableau 
c’est le silence
mais ici dans tous ses bleux
la vie même

sons

d'abord un seul froufrou 
la source frétillante 
rebonds joyeux sur les rochers ronds 
notes soyeuses de musique légère 
longtemps seules dans l'espace-temps

puis les sons de la vie 
l'appel d'un oiseau 
simple et direct 
sans fioritures 
pas de temps à perdre 
dit l'animal

puis un grondement d'orage 
qui fait le fier 
pas bien méchant 

et toujours en fond de tableau 
la brise irisée qui respire doucement 

hélas même ici l'avion 
invisible et lointain 
ronchonne empereur hautain 
ineffable briseur d'unisson

bruit familier

L’autre jour, perdu dans des tristesses existentialistes abyssales, même pas bourré, je me posais cette question fondamentale : qu’est-ce qui prouve, vraiment, qu’on existe ? Laissez tomber les banalités, s’il vous plait, l’amour qui nait, le regard d’un enfant, la tige qui bourgeonne au printemps, non merci, je vous parle sérieusement, on n’est pas dans un roman de gare ici. Même les trucs genre c’est pas le chemin qui est difficile, c’est difficile qui est le chemin, laissez tomber aussi, ça m’énerve, c’est rien qu’une explication des riches pour que les opprimés se contentent de trimer sans rechigner.
Donc, je sentais déjà poindre l’horrible et définitive réponse du grand vide, du néant tout noir, quand, soudain, mon oreille fut attirée par un bruit. Et, avant même de reconnaître la source de ce dérangement, j’avais la réponse à ma question. Car ce bourdonnement à la fois habituel, régulier et heurté avait quelque chose de rassurant, calfeutré, cocoonant.
Il était beaucoup plus qu’un ronronnement, il gonflait en un symbole rempli de sens et de mémoire. Il ressemblait, en plus doux, en plus familier, au taca-tacata-tacata du train qui roule et vous emporte.
Il vous parle au cœur et au corps, il vous enveloppe sans vous déranger. C’est un bruit à éclipses, parfois il s’interrompt et alors, angoissé, on se demande s’il va reprendre. Il bat selon plusieurs rythmes comme une symphonie, passant du roulement des cuivres au chuintement des violons. On sait bien que ce barouf domestique, horodaté, aura une fin et quand il s’arrête, dans un crescendo presque angoissant, on pousse un soupir, c’est terminé mais pour un moment seulement, une tâche a été accomplie, un épisode du feuilleton, une étape a été franchie dans la vie mais une autre viendra, on le sait, qui prendra le relais et alors tout continuera, rien ne s’arrête vraiment, tout se suit, tout s'essuie.
C’est un bruit à épisodes. Il y a des jours avec et des jours sans et ces jours-là on sent comme un vide dans son âme
Grâce à ce ramdam feutré, notre vie avance, des pleurs sont lavés, on se refait une virginité, on peut provisoirement tirer un trait sur le passé et croire qu’on a encore de l’avenir puisqu’avec ce bruit on nous prépare quelque chose pour l’affronter.
C’est un boucan léger qui remonte à l’enfance, bien sûr, il me fait penser à ma mère, il signifiait que pour une fois elle s’occupait de moi, alors que pour le reste elle me confiait à des bonnes espagnoles qui passaient leur temps à m’obliger à manger de la soupe à la tomate, la soupe rouge, la soupe de sang, que je détestais. Les autres bruits de l’enfance, c’était des cris qui cassaient les oreilles et le cœur.  L’aspirateur, par exemple, quelle horreur ! Je le voyais comme un ogre prêt à dévorer mes jouets, un espion fouillant dans tous mes recoins. La chasse à la saleté n’était qu’un prétexte à violer mon intimité.
Ce bruit-là seul dont je parle est à la fois présent et rassurant, il génère des odeurs de douceur et de tendresse, il crée de la chaleur et des caresses, il vous fait une place dans la vie, non seulement on existe mais, quelque part, quelqu’un se préoccupe de vous et c’est çà la vraie réponse à ma question.
Vous avez deviné, n’est-ce pas ? C’est le bruit du lave-linge.
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier