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présence de l'absence

n’ayant rien à dire de la mort
je te parlerai de la vie
ses occasions ratées
ses envers de décor
où l'on veut toujours
ce qu’on n’a pas

on dit que les choses sont 
par ce qu’elles ne sont pas
c’est faux
elles pèsent surtout
par ce qu’elles pourraient être
c’est l’imagination 
qui crée le réel
le rêve n’existerait pas 
sans la vie tordue à son gré
la réalité n’est qu’un préjugé
le désir la transforme

les humains suivent
cet étrange destin
de la dichotomie
si tu parles j’écoute
dis-tu ce que j’attends
je ne sais m’interroge
si tu te tais j’espère
dans une attente 
torturante
si tu es là je t’aime
si tu n’es pas là 
je t’aime encore plus
le poids de mon amour
est si lourd
qu’il te fait exister 
plus contrasté
que si tu étais là

un jour j’ai perdu ma voix
et elle m’a manqué
au sens propre
comme au sens figuré
quand je l’avais
à ma disposition
je l’usais bêtement
parlant aux autres fort
à travers et à tort
au lieu d’en profiter
pour dispenser à ma guise
dans un discours haletant
les pleins et les vides
les courbes et les reliefs
aujourd’hui je susurre
ne pouvant rien faire d’autre
regrettant sans fin
de n’avoir pas murmuré
du temps de ma vigueur

quant aux mots
n’en parlons pas
créés par la poussière et le vent
ils tourbillonnent
comme des feuilles mortes
emprisonnées par un siphon
avec eux tout est relatif
ils ne peuvent rien porter de vrai
tu auras beau parler
ils ne te diront pas
le fond de ton âme
que jamais tu ne connaîtras

enfin il reste les gestes

soumis aux mêmes faux-pas
de l’esquisse suspendue
que les choses et les gens
les gestes qu’on ne fait pas
sont les plus attendus
caresse diluée
main enfuie
baiser perdu
regard esquivé
tous nos rapports à l’autre
noyés dans le faux-semblant
des frôlements avortés
et c’est ainsi
que ta vie se passera
d’abord à imaginer
les gestes inachevés
puis à les oublier

et quand pour toi
sonnera le glas
de tous les sens
le regret sera là
immortelle prégnance
portant à lui seul
la présence de l’absence

Texte de Luc Fayard.
Voir dans Galerie Amavero une mise en scène illustrée par 20 œuvres d'art contemporain choisies pour leur pouvoir d'évocation sur les thèmes du poème.

sous les ponts

sous les ponts
coule toujours la Seine
et les amours racontent
les mêmes histoires
les quais soupirent
des rencontres passantes
éternité de l’âme
émotions du poète
devant l’eau qui file
oxymore emblème
de la présence éphémère

toujours quelque part

il y a toujours quelque part
un chien qui aboie
le cri affreux d'un corbeau
une vieille femme en noir  qui étend son linge d'un air las
des nuages en désordre qui vous surveillent
et une mouche pour vous agacer

il y a toujours quelque part
des pierres encore des pierres
sur lesquelles vous butez
et de l'herbe brûlée par le temps
un papillon qui vient vous dire bonjour
un vert lointain où poser le regard
et des horizons plus grands que votre âme

il y a toujours quelque part
une montagne hautaine
au vent libre et frais
une source guillerette
sautillant entre les rochers
le soleil qui joue avec les ombres

il y a toujours quelque part
une flèche d'église tellement plus haute que les toits
un village en équilibre sur son éperon

il y a toujours quelque part
un air d'éternité pour se moquer de vous
et au milieu de tout
il y a toi qui me souris
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier