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fusion ici et là

le bateau et la mer
ici coins et recoins
à portée de main
là le plein le lointain
ici le fixe le solide
le rassurant
métal bois filin
là le fluide le mouvant
la métamorphose
ici la multitude des petits objets
utiles à la vie à la survie
là le désert de l’unicité

jamais il n’y eut pareille antinomie
et pourtant tout concorde
tout s’accorde
l’esquif et la houle
la voile et le vent
l’homme et la mer
fusion

seul

je sais que je suis seul 
des hectares à la ronde 
au milieu des arbres des oiseaux 
j’entends le gai clapotis de l’eau 
et bruire le vent rond 
je sais que je suis seul 
sous les nuages blanc et gris 
qui changent à tout moment 
la couleur du ciel 
la lumière de la terre 
et parce que je suis seul 
le miracle s’accomplira 
l’univers s’enfouira en moi 
je résonnerai de toutes vibrations 
mon souffle sera le vent
mon cœur le chant des ramiers 
et de la plante des pieds au dernier cheveu du crâne 
mon corps sera l’arbre enraciné la tête dans le ciel 
et quand tout sera consommé 
je hurlerai 
loup solitaire du haut de son mirador 

hélas la fusion n’a pas eu lieu 
mon âme imparfaite n’a pu se joindre à l’harmonie 
je suis resté extérieur à la symphonie 
pantomime ajouté à la beauté des choses 

il y avait un spectacle 
et je n'ai rien vu 
il y avait une musique 
et je n'ai rien entendu 

la nature n'a pas voulu de moi

réalité

je vois mon bureau l’écran la vieille fenêtre et sa vitre sale 
le trait de zinc impuissant à protéger la terre trempée 
je vois le buis rigide et fort les plates-bandes décharnées 
qui renaîtront pourtant une femme intrépide le sait 

je vois l’herbe vert et marron rase et bosselée 
la mare immuable désertée par les canards 
plus loin le saut du loup les champs et les forêts 
je ne vois personne dans tout ce paysage 

tapis les oiseaux pleurent les corneilles sont lasses 
les lapins s'emmitouflent le cul blanc apeuré 
et les sphères de la terre brassée par les taupes 
dessinent les toits aériens d'un labyrinthe caché 

puis je vois le ciel gris et noir qui prend toute la place 
le jeu des ombres sur la terre embrumée 
la lumière blanche transperce les nuages 
c'est bien moi le seul homme de cette vie animée 

je crée cet univers vibrant de mille souffles mêlés 
qui entrent en moi pour nourrir ma passion 
plan après plan tout n'est qu'extension 
je deviens herbe champ oiseau arbre forêt
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier