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l'eau de la nuit

une histoire de fou 
je suis tombé de haut
froid et mou
tout au fond de l’eau 

une chute sans un cri
et là tout en bas surprise
une femme nue sans âge 
m’attend et me sourit

je suis nu moi aussi c’est embêtant
au fond de l’eau surtout
on bouge au ralenti comme dans un film
impossible de respirer
elle touche ma main rassure-toi dit-elle
tu ne respires plus tu ne souffres plus

je la prends dans mes bras amicalement 
et lui dis en pleurant
jamais je n’ai connu quelqu’un comme toi
de quoi nous parlâmes
dans le flot des larmes 
je ne sais

quel effet me fit cette femme énigmatique 
si longtemps enlacée mystère
à la fin elle me poussa vers la sortie
c’est le temps de l’exil dit-elle
on t’attend à l’accueil de la citadelle

derrière un guichet j’entends une voix
l’accueil c’est ici
je me penche et vois plus bas 
dans une vaste baignoire
une baignoire au fond de l’eau quelle idée
une autre femme allongée 
vieille et maigre nue
qui se lève en gémissant
lourde de fatigue aride
des gouttes d’eau perlant de ses rides
comme la vie qui fuit sans un mot

enfin dépliée spectrale raide comme l'or 
la noyée de blancs cheveux m’épie
de ses grands yeux foncés

et je comprends alors terrifié
que je suis à jamais 

dans l’eau de la nuit

voir la mise en scène dans Poésie de l'Art

Quintessence

La goutte perle
Sur le front
Sur la feuille
Sur l’herbe
Et parmi
Tous les affronts
La goutte sonde
Les yeux
L’écorce
Un brin
Par manque
De force
La goutte tombe
De peur
De saison
De joie
Elle se découvre
Goutte ronde

Texte : Malla
inspiré d'une photographie de Poppy'AR
lire et voir la récitation musicale par Poppy'AR dans la Galerie Amavero

la vie la mer

les nuages bas
l’océan moutonne
dans ses plis
abolis
les crètes frissonnent
sous un ciel bien las

plus envie de rien
se laisser porter
par le vent 
le courant
pour tout oublier
sa vie son dessein

c'est l'esprit éteint
par la rêverie
du remous
qu'un corps mou
perdu dans la nuit
dérive sans fin

au matin pourtant
le marin secoue
sa carcasse
dans la nasse
il reprend sa roue
et son cap au vent

ainsi va sa vie
sillage de mer
non tracé
cœur lassé
par le goût amer
du temps asservi


Texte : Luc Fayard
inspiré de
Pleine mer, temps gris, de Charles-François Daubigny

objets d'intérieur

objets d’intérieur
symboles d’une vie
âme riche
qui aime les couleurs
et les contrastes
fleurs rouges
dans un vase jaune
assorti aux citrons
tenture tableau buste
c’est chaud
douillet
on aimerait savoir
qui habite là
et lui avoir offert
ces quelques fleurs

Texte: Luc Fayard
inspiré par l'oeuvre de Sylvie Verkos

montagrne

quelques taches subsistent
du gris un peu sale
traces de sapins alourdis
lointains ubacs embrumés
bientôt on ne verra
que du blanc
partout
victoire absolue
de la montagne
qui garde tout pour elle
en attendant le dégel

à paraître

nuit et lumière

La nuit aime la lumière, elle y voit ses bijoux,
Avant que le jour ne les lui vole, les étoiles sont ses perles.
Le ciel n’est pas sur nos têtes, il est tout autour,
La terre flotte dans un grand vide,
La terre flotte dans un grand tour.
Je suis un passager, à bord, je suis sa fourmi.
Avant que le jour ne vienne,
Je demeure anonyme, sans ombre et sans bruit.
Je savoure sa rivière
De lumière, attaché à son vide.

Texte Alexis Amiotte inspiré par l'affiche Emocions de Caroline Pageaud, à voir dans Galerie Amavero

oreille

l’œil handicapé
l’oreille prend le relais
la brume en mer
c’est d’abord des sons
la corne pour dire attention
la cloche sur la bouée
ou à l’entrée du port
quand il ne voit rien
le marin craint les sirènes
ensorcelantes d’Ulysse
ou les monstres marins
Charybde et Scylla
alors il chante
pour dire à la mer
qu’il n’est pas encore mort

inspiré de : Le chalut dans la brume, d'Hélène Benayoun


être et matière

être et matière
si semblables
qui est vivant
qui bouge vraiment
d'où vient la réalité
qui se forge
dans notre esprit
sensible à la création
dans notre vision
d’un monde remuant
capable d’accueillir 
en son propre sein
une éternité statufiée
plus vraie que la vie
et demain des robots

trois arts

dans un jardin de splendeur
la musique chanta
les pinceaux frémirent
les âmes s’envolèrent
sur une eau lisse
trois fois ravies
par trois arts en partage
célébrant la naissance
d'un moment unique
où savourer le plaisir
des sens en fusion
crée une émotion vierge

Texte de Luc Fayard, inspiré de : Au fil de l'eau, de Martine Durou
et d'une belle journée où ce miracle eut lieu, grâce à l'association de Chaville, L'Art en partage

bécasse

coiffé de son vieux chapeau
le chasseur est parti tôt
avec chien fusil besace
à l’heure qu’il aime
dans la brume et la rosée
l’herbe haute cachait ses secrets
sauf au chien qui s’est arrêté
l’homme était prêt
l’attente a duré longtemps
et quand la bécasse au long bec
a démarré son vol un peu lourd
un seul coup de fusil a suffi
voir l'œuvre et l'artiste qui m'ont inspiré ce poème : Nature morte à la bécasse, de Christine Bataille

barbe bleue

c’est un conte
de l’amour
de la peur
du secret
et de l’interdit
il était amoureux
elle trop curieuse
il l’emmena
dans son château
dont elle fit ouvrir
les six portes permises
et le dernière interdite
cette septième
lui fut fatale
on dirait une fable
de La Fontaine
dont la morale serait
ne comptez jamais
plus loin que six

toujours bleu

nous ferons des pirouettes
sur un fond de ciel bleu
nos graciles silhouettes
se prendront par la main
pour marcher dans la rue
et courir dans la jungle
les enfants souriront
de nos jeux espiègles
et quand la nuit viendra
le noir aussi sera bleu

oiseau libre

autour de toi
les champs se déhanchent
les nuages frémissent
les bancs d’oiseaux filent
puis au-delà du paysage
tout devient flou
tu vois ton cœur agité
de tant de désirs
les souvenirs tristes
ranimés à la surface
mais au-delà de tout
l’envie de partir
comme un oiseau libre

ruche

prenez un tableau abimé
scrutez-le à la loupe
respirez le travail de l’artiste
qu’il imprègne vos mains
votre cerveau
puis réglez la lumière
la température
le taux d’humidité
et ensuite patience
et minutie
un travail de ruche
pour que l’œuvre renaisse
d’une nouvelle jeunesse

galop

les gens me croient à l’aise
sur mon coursier à mille volts
ils croient que c’est facile
de garder la fesse en l’air au galop
s’ils savaient
je suis en équilibre permanent
sur le point de tomber
à tout moment
pour me casser
en mille morceaux
je ne dirige mon cheval
que d’un bout de mollet
et de quelques doigts
un métier de fou
mais quand on gagne

hellébores

violet et or
ils se dressent en l’air
les hellébores
mystérieux et fiers
roses de Noël
pourprées
sentant le soufre
et le noir destin
il faudra les cueillir
et beaucoup les aimer
pour que l’horizon
s’éclaircisse
et rosisse
enfin

rhinocéros

rencontrer un rhinocéros
en dehors d’un zoo
ça n’arrive pas tous les jours
alors profitons-en
mais la discussion n’est pas simple
regard biaisé
front doublement cornu baissé
les grognements font peur
l’animal pense à sa survie
et se moque des mondanités

disco

en ce temps-là
on s’habillait en couleur
la musique était folle
tout était possible
le sexe le bruit la nuit
les gens dansaient
des heures en transe
dans les discothèques
au petit matin
on riait encore
de ses accoutrements
pattes d’eph et coiffure afro
c'était le temps du disco

contes

dans un pays
de montagne et d’eau
vivaient des animaux étranges
à moitié transparents
doués de langage
et d’émotion
ils savaient dessiner
sur les rochers de grès
et raconter des contes
doux et colorés
aux enfants curieux
qui venaient près d’eux
dans ce pays en demi-teinte
la vie coulait comme l'eau

entrer dans l'eau

l’entrée dans l’eau de mer
surtout quand elle est fraîche
est un rituel très personnel
on y va franchement
ou bien en sautillant
ici on plonge d’emblée
là on s’accroupit
c’est un défilé de gestes
mimiques postures
pour que s’accordent les fluides
il y a tous les cris
toutes les nages
tous les âges
le bain c’est la vie

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier