Affichage des articles dont le libellé est plage. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est plage. Afficher tous les articles

plage

la plage est un lieu
d’affrontement
d’abord les couleurs
sable mer rocher 
ravigotées par les jeux
d’ombre et de lumière
puis les perspectives
la mer qui s’en va
la falaise hautaine
et enfin les odeurs
légères et lourdes
et à la fin toujours
c’est la mer qui gagne

sirène

la plage est un monde à part
avec ses éléments
barques galets algues
et ses habitants
crabes crevettes couteaux
un monde balayé
par les gestes lents
de la marée
comme un coiffeur
qui lisserait la chevelure
d’une sirène alanguie

ombres de plage

large bande de frontière
entre terre et eau
matière changeante
élastique et malléable

territoire des errances
agité par le vent
troublé par la brume
filtrant les silhouettes

lieu d'existence plurielles
à l’écume frisée
et de soubresauts
du sable créateur

qu’importe la pluie
il y a toujours 
une épuisette à serpenter
dans les mares glauques

et des corps occupés
dès le petit matin
à soulever les galets
cachant les trésors

infatigable plage
aux recoins secrets
aux lignes floues
comme la vie

Texte : Luc Fayard
inspiré par
Scène de plage, de Marie Delourme

fruit

fille des îles
douce et pensive
dans ton mouvement
de la rose à l’oreille
fruit mur à croquer
tu penches la tête
pour rêver paresseuse
à ta plage à mangrove
la-bas si loin
où le sable dru
borde la mer houleuse
tu garderas
tes secrets
quand la rose
sera fanée

enfant à la plage

le sable ça gratte
les petis grains se faufilent
entre mes doigts de pied
c’est quoi toutes ces odeurs
lourdes et grasses 
j’ai quand même envie
de respirer un grand coup
là-bas j’entends les mouettes
et leur drôle de rire rauque
je vois la mer qui s’en va
sous la poussée des vagues
je suis indécis
devant tant de vie
mais je le sens
sur cette plage
je n’ai besoin de personne
pour exister

autre monde

des silhouettes se croisent
plusieurs fois
d’autres attendent
est-ce la plage est-ce l’eau
ou de grands bureaux
qui sait
on aimerait entrer
faire partie de cet univers
où les choses et les gens
sont proches et différents
si attirants

l'eau qui te sauve

la nuit règne l’absurde
le jour l’incolore
les mots résonnent vides
comme des falaises guettant la mer 
où de grands rochers muets 
camouflent leur récit
le soleil se dérobe
te laissant seul 
face au néant

même les chiens errants
marchent l’œil triste et bas
le silence ne sert à rien 
quand tu es sombre et las
tu n’as rien à pleurer
ni à regretter
rien à oublier
l’ombre pieuvre s’étend
tassant les reliefs du passé
ta vie s’étale plaine rase
fatal désert de la banalité

et puis 
de très loin
lentement
fantômes errants devenant réalité
se dévoilent en procession
la pensée d’un sourire 
l’odeur douce d’une peau caressée
une flèche de lumière dans les nuages percés
des taches s’élargissant en bleu et blanc
pour colorier un nouvel univers

alors 
les cônes de pluie s’éloignent
la tristesse se dissout dans les limbes

et surtout 
ton cœur bat
quand tes pieds nus se crispent sur le sable
tout revient 
dans une bouffée submergée de sens
exquise tiédeur
mécanisme huilé de la pression 
talon plante orteils 
pointillisme de la texture
plaisir inégalé de cette marche unique 
éphémère
la longue trace de tes pas
bientôt couverte par la mer

as-tu remarqué
c’est toujours l’eau qui te sauve
le souvenir de son odeur salée
le cycle du roulement de la marée
l’écume qui point avec le vent
il suffit que tu songes 
à une plage nue d’hiver
sur le relief breton
pour que tu plonges 
et t’immerges sans raison
dans le non-dit de l’enfance
à nouveau tu avances
à nouveau tu espères

brise écaillles et ribambelles

la brise frise la mer qui se meurt
sur les rocs noirs habillés d’écailles
les algues longues et vertes s’affalent
couvrant des ribambelles de sable gris

brins en tas grains mouillés qui s’étalent
dessinant des taches brunes et ocres
la pluie luit sur la vase rase
vide au premier coup d'oeil
si peuplée quand la mer l'abandonne

ce pays d’eau de bas en haut
baigne de lames désarmées
mes larmes d’enfance dense
le regret croit quand le souvenir gît
l’avenir fuit devant la nostalgie

port launay

Là-haut le morne retient les nuages
Sur un rocher à l'entrée de la baie
Une croix dit peut-être
Qu'ici des hommes ont péri

Le ciel est aussi chargé
Que le silence est léger
Une houle du nord pas méchante
Vient mourir sur la plage

L'anse est profonde et calme vivante
Sur le rivage
La barque de pêcheur blanche et jaune
Se balance
Immuablement

Une tortue sort sa tête de l'eau
Comme un périscope
Elle regarde si tout va bien
Puis elle disparaît

Un banc de poissons argentés
Poursuivi par un invisible requin
Joue à saute-mouton sur les vagues

Des chauves-souris grosses comme des corbeaux
Piaillent dans les grottes granitiques
D'autres traversent la baie
Battant l'air d'un air abattu
Avec leurs drôles d'ailes à l'envers

De temps en temps
D'un bruit sec
Une noix tombe d'un cocotier

Sur la plage
L'ombre pieuvre des takamakas
Protège le sable

Là-haut le morne retient les nuages

Seychelles janvier 2005

anse d'argent

rochers récifs l'océan
rides du sable et de l'eau
figées ici mouvantes là-bas 
ici tous les verts là-bas tous les bleus
au loin la goélette passe
langoureusement
les petits oiseaux blancs
saluent la mer d'une aile de velours
un si doux effleurement
j'aimerais tant être cette eau vivante
caressée par le souffle d'un instant

Seychelles janvier 2005
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier