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mythe

la nostalgie de l’enfance
est le mythe du paradis
on s’imagine avoir vécu
l’innocence du monde
alors qu’on n’était que jouet
griffé par le hasard
bateau de papier
secoué par la brise du lac
cerf-volant échappé de son fil

l’inconscience angélique
suffisait à transcender
les silences et les sourires
les caresses et les comptines

l’infinie douceur de la peau
nous tenait lieu de cocon
son odeur tiède nous abritait
des miasmes du monde

quand avec le temps
qui martèle et rouvre
les cicatrices
on se rend compte
de la supercherie
qui nous a suggérée
un bonheur flou
l’odieuse découverte
nous fait un trou à l’âme

alors on ne sait plus
quelle fut l'enfance vécue
perdant l’équilibre
on marche en crabe ahuri
de la difficulté d’être adulte

et dans les mensonges
du souvenir
on ne garde en soi
que l’absence hurlante de réponse
à la seule question existentielle

la réalité de l’amour

parents chérissez vos enfants
et surtout montrez-leur
comment vous les aimez

Texte de Luc Fayard ; voir la mise en scène illustrée par des œuvres d'art contemporain dans Galerie Amavero

nostalgie

quand les voix aimées se seront tues
elles ne laisseront de leur bruit
que le souvenir aigu
des brèches de la vie

plus jamais les rêves de la nuit
ne s'ancreront aux habits de l’enfance
ni les jours enfuis
aux rives de l’absence

à quoi bon pleurer
ou tourner en rond
les bons moments passés
jamais ne reviendront

c’est ainsi que naît la nostalgie
un envahissement progressif
comme un voile de brume
ruisselant sur l'âme

on ne meurt pas de nostalgie
avec elle on vit tous les jours
elle te suit comme une ombre
fidèle jusqu’à la tombe

même si au souvenir
des regards rompus
des rencontres inabouties
le regret sournois s’insinue

elle te dira que tu n’as pas vécu
comme tu l’aurais voulu
mais vollà la vie se nourrir
de joie de manques et avancer

chaque émotion produit une graine
chaque sourire un bout d’oxygène
ainsi se construit le labyrinthe
d’un destin à nul autre pareil

à la fin tu devras bien pourtant
assembler les pièces du puzzle
pour faire semblant de croire
à un accord possible

et si certaines éparses
ne trouvent pas leur place
dans le récit peint
entre en vide et plein

tant pis
c’est ainsi que tu vis
l’humanité de la folie
entre désir et nostalgie

Voir la mise en scène illustrée par 20 œuvres d'art contemporain dans Galerie Amavero

temple de l'amour

quand au temple nous serons
nos deux corps s’embrasseront
dans la nouvelle religion
du monde factice
la rivière et les colonnes
tout pour le plaisir des yeux
de la reine décoratrice
et des passants
le temple se souvient
des fêtes nocturnes
qu’il abrita au temps jadis
pour lui comme pour nous
l’automne est propice
à la nostalgie du passé

paradis perdu

longtemps
je me suis enivré des effluves magiques
issues d'un pays irréel et magnifique
mêlant les lignes vertes les arbres tendus 
deux magnolias passagers un séquoia nu
les allées sableuses bordées de fleurs vivaces
les buis interminables et les herbes grasses
l'eau glauque de la mare où se perdait la pluie
le chant aigre et joyeux des oiseaux rouge et nuit

paradis d'illusion où vivaient durement
les jardiniers créant des beautés éphémères
inusables maillons de chaînes séculaires
chaque heure penchés sur la terre riche et âcre
auteurs de courtes morts et de petits miracles
répétant leurs gestes pour des temps incessants

dans ce lieu pourtant bien réel olympien calme
la lumière jetait une effraction bizarre
créée par les couleurs et les ombres mêlées
nappant d'une teinte étrange le paysage
elle peignait les bois de zébrure filtrée
impossible au peintre vivifiante pour l'âme

longtemps 
après cette vie rare
évoquées d'une mémoire nébuleuse 
les images défilèrent en se bousculant 
dressant un long inventaire improbable
de lieux de sentiments d'instants insondables

vitres brisées de la serre miroir de vie
ample saut du loup qui n'aura jamais sauté
dernière porte au vert sombre infini
barre noire de la forêt qui vous appelle
balançoire qui porta ses gamins bercés
potager rangé des gens heureux besogneux
marronniers alignés dans une courbe douce
cheveux au vent d'une jeune fille à cheval
jaunes champs accueillants les blondes d'aquitaine
immense if parapluie aux longs bras de sorcière
 
et que dire encore de tous ces caractères
l’insolite apparence des murs 
les reflets ronds des fenêtres 
les pentes aiguës des toits 
la fierté des cheminées 
les persiennes bleutées 
les allées nichées sous les frondaisons ventées
et partout ces verts et tous ces gris 

dans ce lieu béni
où se croisaient espoirs et tempêtes
tout finit en harmonie en vibration
accords soignés plaintes secrètes
à travers le temps et les générations

tout restera
assidûment incrusté 
écrit en ribambelle
dans l'air vieilli par l'histoire 
dans le vent de la plaine et des forêts 
dans la terre et la poussière 
dans le cœur des mères et des amants
dans l'ombre choyée des enfants
chantant en ritournelle

ici tout se nouait
entre âme et nature
la clarté et les sourires 
les ombres et les soupirs
la pluie et les larmes
le soleil et les drames
la nuit et la noirceur
les racines de la terre et du cœur
les multiples origines de la fusion
ayant enfanté ce monde à part suspendu
où même le soleil et la lune 
pouvaient nous murmurer des mots doux

alors au dernier souffle de mon dernier soupir
quand j'aurai vécu de nombreux destins
pouvant retenir de mes nombreuses vies
tant de sommets et quelques abimes
un seul instant me viendra à l'esprit
celui-là insensé terrible
où je tournai le dos au paradis
comme dans un flash-back au ralenti
le moindre détail me reviendra

la porte grinçante se refermant sur mon passé
la descente de l'escalier marches de tombeau
le bruit mécanique du dernier tour de clé 
le silence soudain voilant la scène de son halo
dehors dans la cour mes pas broyant le gravier
la feuille morte chassée du pied
la grille que je repoussai dans son cri 
ma main tremblant sur le portail gris
et mon dernier regard qui tout embrassa
comme si ma vie allait s'arrêter
pour écrire en lettres de sang
le mot fin sur un écran de cinéma

ce jour-la pourtant j'ignorais 
que vivant dans un riche présent
je porterai comme une offrande 
ces images et ces souvenirs
et que dans le cumul des années
submergé par le flux des nouveautés
je vivrai ma deuxième vie 
sans remords ni regrets

juste l'infini de la nostalgie

brise écaillles et ribambelles

la brise frise la mer qui se meurt
sur les rocs noirs habillés d’écailles
les algues longues et vertes s’affalent
couvrant des ribambelles de sable gris

brins en tas grains mouillés qui s’étalent
dessinant des taches brunes et ocres
la pluie luit sur la vase rase
vide au premier coup d'oeil
si peuplée quand la mer l'abandonne

ce pays d’eau de bas en haut
baigne de lames désarmées
mes larmes d’enfance dense
le regret croit quand le souvenir gît
l’avenir fuit devant la nostalgie

temps pluriels

le temps qui passe
s’est envolé
il a volé
derrière la glace
nos lourds regrets

le temps qui pleure
souffre et remplit
de nostalgie
nos longues heures
d’analgésie

le temps peureux
veut effacer
le fil tressé
du temple heureux
de nos pensées

le temps agite
les troubles eaux
où nos bateaux
prennent la gîte
un peu trop tôt

le temps s’excuse
d’avoir si vite
tué nos mythes
et il s’amuse
de nos vieux rites

le temps se fige
le temps se givre
le temps est ivre
le temps corrige
le temps qui vire

le temps se lève
de la révolte
la virevolte
et toi belle ève
débranche les volts

ô temps suspends-
toi, non pends-toi
flagelle-toi
meurs sale temps
et oublie-moi
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier