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prière

hommes et femmes 
en vérité je vous le dis
que la lumière descende sur vous
vos visages vos mains
comme un phare veillant 
sur la route des marins 
que la joie déborde de vos cœurs 
comme l’écume 
quand le vent presse et secoue la vague
que la parole nouveau sillon de vie 
transperce en flèche vos murs de folie
que le chant parcoure vos plaines
comme une révolution souveraine

que les mots sèment les graines d’amour 
dans vos rangs de peuple triste
que vos mains jointes comme l’espoir
deviennent les totems remplaçant les crucifix
que vos pas ouvrent un chemin de halage
à travers les brumes du passé
que vos lèvres conjuguent l’avenir au présent
dans toutes les langues de babel 

pour qu’enfin le monde 
de vérité et de beauté
se dévoile tout à vous
les yeux ouverts 
les âmes libres

et qu’à jamais 
de la surface de la terre
soient bannis
la haine le mensonge
et la jalousie

amen

neige (1)

la neige n'est pas que manteau
elle est baguette de fée
qui transforme le paysage
en voile de prière muette
voix vers le silence
tout se cache dans l’attente
ce qui reste apparent craint
neige épaisse fil d’ariane
reliant la terre et le ciel
l’homme et son âme
l’espace et le temps

voir l'oeuvre et l'artiste qui m'ont inspiré ce poème: Sainte-Amélie-des-Monts, par Amélie de Trogoff

mosquée bleue

entrée libre sans chaussures
dissimulées par la balustrade en bois
les femmes voilées prient au fond
un couple de touristes contemple son selfie
lui enturbanné elle cachée
ils sourient à leur image
d'autres lisent le coran
ou le routard je ne sais pas
ici comme ailleurs
les enfants jouent 
et pourtant

une lumière blanche jaillit
du vitrail meurtrière
forte implacable
personne ne la remarque

et si c'était allah
qui venait vous dire bonjour
ou vous sermonner
à genoux ingrats passants sur terre
repentez-vous de votre sourire niais
pleurez vos péchés et vos drames

mais personne ne l'écouterait
à cause des rites et des selfies
et le soir venu
plus de lumière
plus d'allah

l'homme seul face à son destin muré

jour de mon enterrement

le jour de mon enterrement
dans l'église froide et blanche grise
ils seront tous serrés comme des harengs
les hommes auront posé leur chapeau
les femmes seront endimanchées dans leur manteau
les enfants agités apeurés tristes

les gens
j'ai envie qu'ils soient là en passant
je veux qu'on pleure et qu'on m'oublie
tous ceux qui savent m’envieront là où je suis
il suffira de rester longtemps l’air absent
pour prétendre participer

le jour de mon enterrement
on se frottera dans les rangs
pour avoir chaud
les yeux levés vers la croix là-haut
on se taira de longs moments
privé de discours le curé contemplera la foule
hochant la tête il se perdra dans ses pensées
en fait il pense à son déjeuner

je veux du silence et puis la fête
musique et silence
c’est la même chose
je veux que les gens se regardent dans les yeux
et se tiennent par la main
l’air heureux
pour une fois

le jour de mon enterrement
le veux du soleil dans les vitraux or et vert
il faudra que ce soit un matin d'hiver
où le froid gèlera les pensées
dehors aussi les fleurs seront gelées

le jour de mon enterrement
je veux de belles orgues riant
qui chantent d’allégresse Alleluia
Sanctificat et puis l’Ave Maria
résonnera sous les vieilles pierres
auréolées de prière
il faudra que tout le monde prie
communier sera obligatoire
on fera la queue pour l’hostie propitiatoire
après vous je vous en prie
sinon il faudra doubler son obole
à la quête paroissiale qu’attend le curé
grâce à moi personne ne sera excommunié

le jour de mon enterrement
dans la lumière froide et blanche grise
on ne saura même pas qui est mort
les gens seront entrés dans l'église
par hasard à cause du froid dehors
à cause de la lumière et de la musique dedans
ils me connaîtront à peine
ils parleront d'une ombre d’antan
et d’une voix basse qui traine
ils évoqueront les morts et les vivants

le jour de mon enterrement
heureusement
dans l’église muette qui serre ses rangs
dans les travées remplies
comme des bancs de chauve-souris
dans les regards à peine voilés
de pèlerins inconnus désoeuvrés
je ne verrai personne que j’aime
parce que de tous ceux que j'aime
j’aurai été le dernier à mourir

s'il vous plaît
mon Dieu
je vous en supplie
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier