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grand chapiteau

entrez mesdames et messieurs
sous le grand chapiteau
du cirque de la vie
venez par ici
vous qui avez vécu
la vie de haut en bas
ces choses-là
que vous allez voir
vous savez qu’elles existent
indicibles et secrètes
vous les avez connus
ces petits riens 
ces grands moments
mais vous les avez perdus
avec le temps

alors entrez dans le village 
des sentiments vrais
vous n’oublierez pas 
cette odyssée 
ce retour 
aux sources de l’homme pur
on vous le jure
un parcours impossible 
mais pourtant réel
les preuves les voici

que battent les tambours
que se lève le rideau rouge
du grand chapiteau
ici vous verrez vous toucherez
vous sentirez vous entendrez

l’amour qui se renforce 
au fil des ans
comme un rocher poli
par la marée
le sourire donné à l’autre
sans demande en retour
et qui éclairera sa vie
la différence acceptée
au milieu de tous
comme si de rien n’était
l’écoute attentive 
à la parole sincère
les gestes doux des mains
plumes légères
qui se frôlent délicatement
les sourires en miroir
se répondant en silence

enfin et surtout vous verrez 
le soir discret tomber
comme un voile de mariée
sur les maisons réchauffées
la nuit qui s’égrène lentement
sur un tempo différent
et le matin qui dit bonjour
en baillant

cette route de la vraie vie 
rien que pour vous 
la voilà la voici 
sous le grand chapiteau
du cirque de la vie

et qui sait 
si vous avez gardé en vous
une bribe d’âme sans âge
peut-être pourrez-vous
reprendre ce voyage 
et qu’il dure toujours

illustré dans Poésie de l'Art par un montage de trois images IA créées à la demande

trait noir

trait noir d’horizon
surmonté d’un demi-cercle
qui deviendra cercle
se hissant lentement
fatalement 
le plus haut possible
dans le ciel
tous les jours
jusqu’à la fin du monde

coincés entre la voûte bleue 
et le vaste foncé 
glissant parfois vers le vert
bloquées entre ces deux univers
de fines couches orangées
font les tampons ouatés
entre deux mondes

tous les matins sans musique
à l’heure à peine glissante
se déroule la même lente 
et splendide cinématique

rien ni personne d’autre
pour la goûter
pas même un cri d’oiseau
silence de pleine mer
sauf ce léger bruissement
de brise tiède
aux multiples futurs

et si en plus ce jour-là
la mer est plate 
l’homme vivra
il le sait
la seule expérience possible
du paisible infini

conscient de son humble position
invité du dernier rang
quand la nature oxygène 
l’âme du marin
il respire sans fards la splendeur 
du plus beau spectacle du monde

chaque jour
minimaliste 
le même scénario
et pourtant chaque jour 
une émotion différente
étreinte de vérité
crainte de faiblesse
offrande de beauté
mystère de demain
bout d’éternité 
dans un bout d’âme
fenêtre ouverte 
sur l’absolu

debout sur le pont 
tête haute 
main serrant la filière
dire merci

parfois à l’aube
les couleurs grimacent
vers le plus noir
le vent a choisi de forcer
la mer aussi se fonce et bouge
secouée par en-dessous
du bruit plein les oreilles
ça siffle et ça tape
beaucoup de travail
les mains prises
pas le temps de rêver

mais le marin le sait
là-bas derrière la brume
et la barrière de pluie
même dans le gris
et la lourde fureur
le disque se lève encore
et encore

immuable beauté 
de la nature
sans spectateur

Texte: Luc Fayard
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier