Affichage des articles dont le libellé est douleur. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est douleur. Afficher tous les articles

arbre araignée

un jour l’arbre viendra en ville
il s’accrochera aux pavés
pour sucer le gaz
et mieux respirer

le poids du ciel gris
abaissera ses branches
qui ramperont au sol
comme une araignée

les bras tordus de douleur
il continuera de grandir
vers les marches des palais
sous l’œil étonné des passants

mais un jour viendra où
ses branches durcies
devenues glaives vengeurs
renverseront les murs et les portes
tailladeront les sols
transperceront les gens

et la douleur sans fin
ne sera plus chez lui

Texte de Luc Fayard, inspiré par Fitzcarraldo, d’Henrique Oliveira (place Graslin, à Nantes, été 2024); voir mise en scène dans Galerie Amavero

éternelle universalité de la douleur

quand leurs maris sont partis
il y a des siècles semble-t-il
les deux femmes bouddhistes
sont entrées au temple de Gandan
chaussées de leurs bottes mongoles
elles y sont restées
leurs doigts égrenant le temps
sur de longs chapelets ridés

les jours de marché
assises là dans ce recoin
toujours le même
recroquevillées
sur les marches du temple
aussi usées qu’elles
elles parlent à mi-voix
des gens qui passent 
avec le temps
comme s’ils avaient de l’importance
et ils doivent en avoir
puisqu’elles sont encore là pour en parler

chaque fois qu’elles se retrouvent
la conversation reprend
à l’endroit exact où elle s’était arrêtée
elles commentent de minuscules épisodes
le fil de la vie se déroule
c’est le tout qui forme le monde
tout se raconte
plus rien ne les surprend
mais tout les intéresse
surtout les choses du dedans
car leurs yeux plissés de compassion
sont tournés vers les âmes qui souffrent
les sans voix les solitaires les épleurées
celles qui subissent en silence
l’éternelle universalité de la douleur
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier