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le soir tombe sur Lanzarote

le soir tombe sur Lanzarote
la belle paresseuse
endormie comme une huître

les traits noirs des vagues
dessinent une portée de notes 
de musique marine 

d’un ciel au bleu qui se fonce
narcisses alanguis
trois nuages se pâment dans l’eau

transparent l’air empli de silence
laisse les amants entendre
leur cœur qui bat qui bat

au rythme d’un même soupir 

Texte: Luc Fayard
inspiré par une photo de C.F. mise en scène ici; voir également la version poésique en récitation musicale dans Galerie Amavero

éloge de l'ombre

bien sûr il a fallu 
que naisse la lumière
pour ensuite l’oublier 
définitivement
ne garder que les demi-teintes
et surtout les jeux les renvois
les bégaiements 
avancer sur le côté 
balbutiant

laisser l’âme s’émouvoir de l’obscur
le cœur frissonner du soupçon d’un remous
le sourire s’embellir de l’énigmatique

contempler les aspérités 
pour ne pas s’en blesser
suivre les perspectives en flèches
vers les frondaisons dansantes

ne rien croire d’abord
tout imaginer

écouter le vent quand il trouble la pluie
profiter de la fraîcheur entre jour et nuit
quand la vie prend le goût 
d’un petit grain de sel 
glissant sur une peau  tannée

de l’amour 
ne retenir que ses frôlements
débuts bruissements
les senteurs de jeunesse
 silences rapprochés
la brutale attente de la rencontre
instants figés

dans la nature et dans l’homme
étudier sans cesse le plus fort contraste
la ligne de fuite évasive et décidée
qui dessinera l’arrière-plan

dans les replis brumeux
déformer la silhouette du temps 
suivre les fantômes blancs
dans les traces des passants

et quand tu graveras
ton propre sillon
sentir comme l'iode
la liberté t’envahir
à pas de géant

Hommage à Junichiro Tanizaki

Finaliste du Diplôme d'Honneur - Concours Europoésie-Unicef 2023

illustré par 
Nocturne in Black and Gold - the Falling Rocket, de James Abbott McNeill Whistler ou bien par Mystère et mélancolie d'une rue, de Giorgio di Chirico

sans artifice

parfois les couleurs
parlent au cœur
sans artifice
sans détour
porteuses de joie
de renaissance
elles exhalent
des vibrations
en ligne droite
dans un désordre gai
mais constructeur
où l’on se tient la main
face à son destin
la vie nous appartient

chantier

pas d’obstacle
à la création
tout est chantier
mortier
cœur idée
l’âme expose
ses visions
blocs et lignes
s’épaulent
traits et couleurs
s’enrichissent
l’élan est là
tout s’élève
tout s’en va
ailleurs
et s’imprègne

grille

la lumière traverse
la grille de la pluie
trait d’espoir
tout se reflète
se complète
passé présent futur
le son rebondit
en goutte à goutte
sur la flaque
le cœur s’arrime
à la transparence
les portes de la vie
se sont ouvertes

démesure

quand la mer et le soleil
se rencontrent violemment
c'est un choc de démesure
ici la côte est pointue
comme l’accent
les couleurs explosent de vie
l’écume de murmures
une gaité virevoltante
balaie l’horizon courbe
et quand le vent s’en mêle
un tourbillon de folie
s'empare sans effort

musique

la musique est en lui
peut-être même
comme certains artistes
la voit-il en couleurs
la musique est plus forte
que les mots
dit Alessandro Barrico
elle délimite
un monde à part
rythme et relief
où noble le silence
a gagné sa part
et qui parle à l’âme
en ligne droite
un monde ouvert
à qui veut
lui donner son cœur

perle et roule

la mer perle
la houle roule
le soleil en veille
la lune en hune
le ciel s’éveille
le vent se tend
la voile s’étoile
la barque se nacre
le sillage en nage
le mât étend son bras
le hauban fait dang dang
et mon cœur boum boum

sursis

état d’âmes de dame ou d’homme
dans ton voilier sur la mer ancre flottante
tu n’es qu’un sursis une vie latente
un passager de l’ombre buveur de rhum

tant d’autres ont vu ce que tu vois
passé et avenir sillage et cap mêlés
tant d’autres ont souffert et aimé
les mêmes moments sensations émois

infime grain imberbe rond
dans l'infinie répétition
que cherches-tu étranger
te demande l’océan
avec tes rêves ton fil des ans
et ton âme dérangée

je cherche la beauté la vérité
la pureté 
l’éternité
que toi seul peux me donner

bah répond l’océan
tu pourras sillonner tous les flots 
braver tous les ouragans
ton cœur est tout ce qu’il te faut

unisson

le bleu court
le marron noircit
le vert frissonne
le gris s’assombrit
la nature est un spectacle 
de couleurs qui fuient

le vent dans les feuilles
le soleil sur la peau
le brouhaha de la vallée
la valse des odeurs
la vie est un habitacle 
de forces invisibles 

le cœur s’emballe 
le corps refroidit 
l’âme s’attriste 
l'esprit s’enflamme 
l’homme est un réceptacle 
à l’unisson du monde

le coeur est une porte qui bat

le cœur est une porte qui bat
claquant comme un fouet
tout y passe sans filtre
la tristesse et les tempêtes
la souffrance et les sourires
les peaux qu’on voudrait caresser
les visages qui fuient

parfois à côté d’elle
une fenêtre s’ouvre
sur des nuages contrariés
l’ombre pieuvre étend son manteau long
sur les cris et les questions

il faudrait parler parler
mais les mots aussi mentent
et pas seulement l’âme
il faudrait se taire 
se regarder en silence
sourire quoiqu’il arrive
il faudrait s’envoler
imaginer se voir de là-haut
pixel parmi les pixels
puis zoomer jusqu’à la peau
plus profond encore
entendre et voir à l’intérieur 
le cœur cognant à toute heure
pulsion incompressible 
moteur irrésistible
pour qui pourquoi tape-t-il si fort

peut-être pour nous faire saisir
deux lois fatales de la vie
il faut se nourrir de ses malheurs secrets
il est impossible de vivre sans regrets
alors guidé par ces parapets gris
bordeurs de chemins incertains
lorsque se fermeront les rives de la nuit
épuisés mais sereins
nous verrons dans la folle ronde
la porte restée entrouverte
une dernière fois offerte
au passage entre deux mondes
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier