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l'homme nu

les lumières jaillirent de la nuit
crépitant comme un feu d’artifice 
lanceur de fausses étoiles 
vers le dôme du monde

je vis la folie des hommes
le passé reconstruit le présent occulté
le futur antérieur non advenu
l’espace infini courbé par le temps

puis un long chant d’amour 
rivière tortueuse et lente
coula en déchirure aiguë
cicatrisant les champs de vie

à genoux l’humanité  priait 
ses totems qui lui psalmodiaient
peuple né de la pénitence
tu vivras dans la souffrance

une longue plainte naquit
mère de tous les cris
fil d’ariane reliant les cœurs
tiraillés entre désirs et pleurs

indifférent aux maux
je marchai jusqu’à l’aube
et quand le jour advint
j"étais le nouvel homme nu

cri

je voudrais crier
aucun son ne sort
comme dans le tableau mille fois repeint
je voudrais pleurer mille larmes de mon corps
mais où sont-elles
la source est tarie

je voudrais qu'une femme me prenne dans ses bras 
longtemps 
sans rien dire 
en me chantant une berceuse africaine 

je voudrais qu'une brise fraiche 
frissonne le long de mon corps 
de la tête aux pieds 
et qu'à travers moi arc tendu 
elle tombe du ciel 
et retourne à la terre 

je voudrais sourires et bienveillance 
je ne parle même pas d'amour 
ni d'amitié 
juste un regard calme 
posé l'un sur l'autre 
se contempler dans son entier 
sans tout savoir 
sans ne rien craindre 

je voudrais être la source des élans 
faire sentir la chaleur que je peux donner 
prends ma main 
sens ma peau 
mon cœur 

je voudrais tout donner de moi 
tout partager 
prends moi 
ne me laisse pas 
sois nourrie de mon souffle 
je ne sais pas parler 
tu le vois bien 
pardonne moi 

j'espère le jour où tout sera clair 
évident 
le jour où j'arrêterai de crier

c'est surtout quand elle penche la tête

c’est surtout quand elle penche la tête
sur le côté
légèrement
un décalage dans la position
qu’il devient fou

dans le mouvement
ses cheveux déjà longs
tombent un peu plus
et ses yeux sombres
se plissent
avec un point d’interrogation
niché tout au fond

il suffit
qu’elle ait ce millimètre de geste
pour que son cœur vibre fort
il n’entend ni ne voit rien d’autre qu’elle
auréolée de sa grâce lumineuse chantante.

mon ami
si tu n'as jamais connu ce moment
tu n'as rien vécu
et tu peux aller pleurer sur les quais
personne pour te consoler

on dirait une pouliche qui se déhanche pour s’endormir
et la brume viendrait se répandre autour d’elle
pour la protéger du regard des hérons

on dirait un pont qui s’élance
suspendu dans le vide
et la circulation s’arrêterait pour le regarder

un jour elle était restée comme cela
si longtemps
à le contempler
qu’il avait cru à un torticolis
elle se demandait simplement qui il était au fond

comme s’il le savait

il aurait du dire
le trop plein de son cœur
et sa tête qui cogne
au lieu de rester muet
benêt souriant

alors après cette éternité figée sans réponse
elle avait soupiré redressé la tête et disparu
ses pieds effleurant à peine le sol
fantôme au cœur tendre déçu
il n’avait entendu que ce soupir à l’affreuse douceur

aujourd’hui encore il résonne dans sa tête
comme un crissement sourd
tandis qu’il la cherche
désespéré
dans les rues du monde entier
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier