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enfance

j’aimerai tant retrouver
cet esprit d’enfance
pétillant d’impertinence
où l'on peut 
croire impassible
à tous les rôles
des infinis possibles
s’asseoir persuadé
que le monde guette
sa parole libre
d'insouciance
sentir le vent
ébouriffer sa vie
poser là
son évidence
sa vérité
crue et nue
laisser passer les rêves
dans ses yeux mi-fermés
sans se lasser
en oubliant le temps
l’enfance est sans horloge
sans apparat ni toge

et dans une moue sans rire
montrer qu’on existe
pour le meilleur de l'artiste
et jamais pour le pire

Texte de Luc Fayard inspiré par la sculpture Plume (bronze, 39x28x14cm) de Valérie Hadida. Voir mise en scène dans Galerie Amavero

vivre

penser qu’on peut exister
comme un diaporama où la pensée nage
sur l’océan bleu des mirages
créés d’instants juxtaposés

dans une vie multi strates
croire à l’obligation d’un sens
créé par le flux des convergences
quand ne vivent que dérives disparates

on voudrait s’imaginer
habitant d’un monde récent
on n’est que nervure de présent
dégoulinant de passé

dans la vie informe
rien ne se crée
rien de secret
ni les espoirs ni les candeurs 
ni les sourires ni les malheurs
ni les passions ni les regrets
tout se transforme 

même l’amour n’est plus ce qu’il était
alors dites-moi
qui suis-je 
sinon l’écriture d’un point d’interrogation
orthodoxe de la fluidité
paradoxe de la futilité

plus on s’interroge moins on sait
et plus on se persuade qu’on existe
sans savoir où on va
ni pourquoi on est là

qui peut me donner l’ambition
d’être au-delà de moi
comment vivre ma vie d’émoi
dans cette impermanence
plus je passe et m’use
plus les questions fusent
quel est le sens de ma vie passée
qui peut me convaincre 
que je ne suis pas rien
que je suis vraiment

autre chose que 
la goutte d’écume chassée par le vent
l’écorce de terre pendue aux filandres
le zigzag de lumière dans les méandres
le jour et la nuit fondant lentement

autre chose que
les notes de musique s’élançant en spirale
les non-dits auteurs de tensions inutiles
le théâtre obscur du verbiage futile
le brouhaha grossier d’un monde qui râle

autre chose que 
ce cri noué dans l’âme
cette pensée en va et vient
cette répétition muselée
comme un bourdon qui plane

heureusement 
il me reste un territoire inviolé
mes rêves mes nuits 
tintamarre d’absurdités
mélange d’âges et de lieux
voilà peut-être la seule réalité
ce capharnaüm étoilé

vivre c’est rêver
mais je ne suis pas fou
on peut tout omettre
quand il reste la vie donnée 
la seule vérité
qui peut rendre heureux
le seul concert audible
ces yeux qui me regardent
comme si j’existais pour eux 
ils me sourient ils me gardent

à tous ces futurs je dirai
merci de me tenir en haleine
je ne sais pas où je vais mais
avec vous le voyage vaut la peine

inanité

mon âme est le vent
mon corps la terre boueuse
ma vie une plante
entre ciel et terre

nu l'arbre est un arbre
feuillu aussi mais alors
que se passe-t-il
entre deux saisons

la feuille tombe sur le sol
et s'y installe
qu’y recouvre-t-elle
qui vit sous elle

formes sons odeurs
je vais tout oublier
et rester arbre
repliant mes branches

et quand je serai vide
nu de toute frondaison
je ricanerai
d’inanité

feux de mouillage

les feux de mouillage des bateaux tanguent dans le noir 
grasses lucioles ils disent à la terre 
dormez braves gens tout est calme ici-bas 
oubliez la haine et vos petitesses 
ils disent au ciel 
bonjour étoiles bonjour planètes et trous noirs 
on est plus gros que vous 
on éclaire mieux 
et nous au moins on est utile aux hommes 

mais les étoiles en ont vu d'autres 
elles se moquent de ces nimbes prétentieux 
elles ont pour elles la nuit des temps et le big bang 
elles ont pris du recul sur la vie 
et la faiblesse des sentiments 
en intercalant des années-lumières 
entre elles et les hommes 
elles ont construit patiemment cette voûte visible
et démesurée 
cette toile d'araignée en pointillés 
ce labyrinthe éreintant 

la nuit étoilée d'un soir d'été au mouillage me happe l'âme 
pour l'envoyer valdinguer 
comme une bille en verre dans le flipper céleste 
j'entends ce dialogue vibrant entre le ciel et la terre 
entre l'eau et l'éther 
je suis le lien vital signifiant 
pour qui se rejoue à chaque fois ce drame féérique 

qui sait 
un jour un soir 
la nuit du ciel et de la mer 
ronde des rondes 
voûte des voûtes 
se penchera sur moi 
mère ample et douce et de sa voix 
grave et philharmonique 
longuement tendrement pleine de sens 
en choisissant ses mots et ses silences 
enfin bienveillante et altruiste 
elle me dira peut-être pourquoi j'existe

rien à dire

rien à dire 
le ciel est sale 
les regards fuient 
le bruit partout 
un jour d’hiver 
sans pluie 
sans pli 
sempiternel 
marcher 
respirer 
je la croise 
un sourire 
non 
tant pis 
m'en fous 
j’existe encore
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier