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petits poissons

si les mots jaillissaient
comme l’eau de source
sans savoir d’où ils viennent
ni quel sens ils portent
libres
heureux de sourdre
ivres
résonnants
d’un simple glouglou
quels riches dialogues 
nous pourrions vivre

nous sortirions de nos igloos
comme un magicien 
le lapinou de son chapeau
des mots étincelles
déclencheurs de rires fous
des mots sauteurs d’horizons 
de la mer jusqu’au ciel
des mots créateurs 
de discours en cascade
fluides sans saccade

ah si bondissants comme des pur-sang
les mots pouvaient en s’agitant
de soubresauts de hoquets  
nous redonner la pureté
d’une parole immédiate et fière
alors le monde serait une rivière
coulant sur l’infini du rond
et nous ses petits poissons

Texte de Luc Fayard inspiré par le dessin automatique involontaire de son smartphone; voir Galerie Amavero

tisseur de liens

tisseur de liens
en ribambelle
le temps n’efface rien
créateur de privilèges
il fabrique en secret
les connivences
les plaisirs partagés des sens

avoir reçu ensemble la beauté d'un paysage
goûté la même symphonie 
cherché la ligne d’horizon sur la mer nue
accueilli l’inattendu
avec la même bienveillance
le temps cache un trésor synchrone
de vibrations accordées
sur la basse continue des gestes infimes 

au bord du précipice
en plein cœur de cyclone 
face aux murs érigés par l’indifférence
ou la séparation
la toile tissée par le temps
s’étend sur nous
et nous accueille 
au creux de ses millions de nœuds intimes
même si parfois certains se déchirent
la toile grandit chaque jour 
plus forte de nouveaux liens

le temps n’efface rien 
les cicatrices seront toujours là
mais les fêlures fixent le souvenir 
et l’attention 
au monde à l’amour
aux univers en expansion 
les milliards de secondes communes
resteront les étoiles de notre vie

cercle infini de l'enfant

je suis
la fleur rougissante du soir
le vent sentimental et dense
le chevreuil campé dans le noir
la forêt plantureuse en transe

je suis
la pluie marbrée bue goulûment
le nuage arrondi en pleurs
le rêve du monde écumant
la voie de l’ange du bonheur

je suis
la vie sauteuse de barrières
le chuchotement indistinct
le mot où la pensée se terre
le silence brutal divin

je suis
la friction de dissentiment
la pierre sur quoi trébucher
le poisson limpide et gluant
le lac abyssal encerclé

je suis
le buisson de varech errant
la fourmi peureuse aux aguets
le papillon virevoltant
l’herbe consumée par l’été

je suis plus que chaque élément
je suis la chaîne reliant

la fleur butinée par le vent
le chevreuil dansant en forêt
la pluie des nuages pleurants
le rêve d’anges métissés
la vie qu’on voudrait chuchotée
le mot pensé plein de silence
le heurt de la pierre butée
le poisson du lac d’abondance
le varech cachant les fourmis
le papillon herbe de vie

comme un grand ensemble une roue
je suis l’enfant qui perçoit tout
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier