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tisseur de liens

tisseur de liens
en ribambelle
le temps n’efface rien
créateur de privilèges
il fabrique en secret
les connivences
les plaisirs partagés des sens

avoir reçu ensemble la beauté d'un paysage
goûté la même symphonie 
cherché la ligne d’horizon sur la mer nue
accueilli l’inattendu
avec la même bienveillance
le temps cache un trésor synchrone
de vibrations accordées
sur la basse continue des gestes infimes 

au bord du précipice
en plein cœur de cyclone 
face aux murs érigés par l’indifférence
ou la séparation
la toile tissée par le temps
s’étend sur nous
et nous accueille 
au creux de ses millions de nœuds intimes
même si parfois certains se déchirent
la toile grandit chaque jour 
plus forte de nouveaux liens

le temps n’efface rien 
les cicatrices seront toujours là
mais les fêlures fixent le souvenir 
et l’attention 
au monde à l’amour
aux univers en expansion 
les milliards de secondes communes
resteront les étoiles de notre vie

tourbillon

elle tourbillonne sans connaître sa force
moi je n’ai que des mots
elle est le tronc moi l’écorce
incroyable elle entre sans permis dans mon cœur
tandis que je gratte le sien coucou bonheur
elle est la vie qui bouge et bondit
avec elle tout est beauté
elle est la compassion née
chez elle est tout est vrai
elle souffre avec ceux qui crient
elle sait pleurer comme un gouffre
et moi je me terre de peur de sombrer
inassouvi le cœur buté
et pourtant pourtant
si j’avais le temps
je lui dirais les mots ne sont pas que des mots
ils sont aussi un bout d’âme brute 
un morceau d’éternité
oui j’oserais dire l’infini face à la vie
je lui dirais
l’amour est une forteresse contre la mort
que je bâtis autour de toi mauvais maçon
ivre de mots remparts leviers pinceaux
mon tourbillon ma vérité
calligraphie de mes sentiments agités
ma respiration petit grain de blé
un poisson bouche ouverte vers l’immensité
ma réponse une pause un bras
un paysage qu’elle seule reconnaîtra
elle saura que j’en suis l’auteur
riant de toutes mes erreurs
des feuilles de hêtre sur un tronc de platane
elle me dira tu peins comme un âne
et elle m’embrassera attendrie
rêvant devant ce soleil éternel
que moi seul aura su créer pour elle
la tête sur mon épaule 
alanguie

agrippe-toi

agrippe-toi à moi je suis ta montagne
plonge en moi je suis ton océan
regarde-moi je suis ta lumière
respire-moi je suis ton souffle
suis-moi je suis ton chemin
habite-moi je suis ton île
vis-moi je suis ton âme
aime-moi je suis là
je suis l'amour

futur antérieur

mon enfant ma vie mon oiseau ma sœur
sur l'amour je te dis la vérité
n'écoute pas les chants désespérés
mais seulement le rythme de ton coeur

l’amour est plus fort que la vie
déroulant son rythme qui plane
dans le cœur des hommes meurtris
il agite son oriflamme
oui nous nous aimerons encore
lorsque toi et moi serons morts

car nous ne mourrons pas
nous vivrons au-delà de nous
nous sommes le fil qui se noue
le lien vivant qui unit
l’invisible qui dit
je promets tu verras

l'amour ne peut pas mourir
il passe mille fois de toi à moi
tant que l'un de nous deux respirera
l'amour dira je vais vivre et sourire

la mer qui bouillonne
sur les galets gris de la Manche
ne meurt pas
le vent qui tourbillonne
dans les feuilles tombées des branches
ne meurt pas
la pluie folichonne
sur les pavés de la cour blanche
ne meurt pas

nous sommes la voie de ces grès épaulés
plus forts d’avoir vieilli ensemble assemblés

l’amour n’est pas ce qu’il y a en toi en moi
il est tout ce qui nous relie et nous aux autres
il est l’intouchable l'innommable la foi
des explorateurs des rebelles des apôtres

l’amour vit et ne vieillit pas
il renait souffle continu
on se surprend on est à nu
l’un est au top l’autre est en bas

la vie n’est pas la souffrance ni la joie
elle est le passage de toi à moi
balance en mouvement entre blanc et noir

rien n’est jamais donné tout passe et se dépasse

en phase le chant résonne de joie
la vie qui vient l'inconnu qui attire
la vie passée cep noueux qui s’étire
entre terre et ciel entre champs et bois

et c’est ainsi que l’amour vit
l’amour ne fuit pas l’amour luit
l’amour transperce nos deux vies

et quand nous serons vraiment morts
nous serons encore plus forts
nous continuerons de rêver
et nous cesserons de pleurer
dans la poussière l’âme bucolique
ayant vibré sous le même paraphe
unis dans la souveraine épitaphe
au futur antérieur si symbolique

nous aurons aimé

ours et gazelle

l’ours gronde la gazelle sourit
il patauge elle bondit
pas la peine de lui courir après
d'ailleurs cette idée ne peut l'effleurer

l’ours se bâfre la gazelle picore
il est lourd étranger à son décor
elle est légère comme les nuages
elle n'aura jamais d'âge

il secoue sa tête pour chasser ses pensées
elle tend la sienne vers la vie captée
il se ferme comme une huître belon
elle s’ouvre comme un papillon

tout les oppose même les couleurs qui bougent
ici marron et noir là or et rouge
il est du genre à maudire la terre entière
elle rit sur son passé de grâce altière

il trébuche sur la pierre elle s’envole sur l’eau
il étend ses bras elle creuse le dos
il découvre chaque jour que la vie est dure
je le sais bien dit-elle dans un murmure

il croit qu’il n’a besoin de personne
elle a beaucoup d’amis parmi les hommes
il se cogne il recule quand il a peur 
elle court au-delà des heures

lui son poil est rugueux et sa main meurtrière
elle n’a comme arme que ses yeux grands ouverts
il se plaindrait volontiers de l’amour morte
elle on la dit fragile mais son âme est forte

il grimpe en haut des montagnes pour trouver le miel
elle peut sauter encore plus haut dans le ciel
chacun son troupeau autour de lui
chacun sa façon de voir la vie

ours et gazelle enfants de Noé
petits morceaux d'humanité

depuis toujours homme et femme
et dans ce couple d'âmes
elle et lui lui et elle
qui est ours qui est gazelle

amavero

nous vieillirons à tour de rôle
toi et moi épaule contre épaule
avec nos murmures nos regards
ce qu’on devine derrière les fards
nous deux chien et chat yin et yang
arbres enracinés héritiers du big bang
portés l’un par l’autre toi vague et moi vent
toi l’oiseau léger moi l’ours fatigué mal aimant
nous vieillirons ensemble marchant les ombres mêlées
nous contemplerons longtemps les étoiles dans nos mains ridées
nous bercerons les enfants des enfants de nos enfants je le sais
leurs petits cœurs tic tac diront toc toc je peux entrer
nous vieillirons ensemble je veux que tu le saches
avec nos cœurs flamboyants avec nos taches
je suis ta main ton cœur pur je suis ta peau
tu es mon âme tu es le trouble de mon eau
nous passerons d’âge en âge sans remords
et pour se surprendre se regarder encore
et pour rire rire toujours plus haut
l’éternité ne sera pas de trop

Hommage à François Cheng, auteur de "L'éternité n'est pas de trop" (Albin Michel)

couple qui lit

8 heures d’un matin gris
Derrière la vitre embuée d'un MacDo, un couple prend son petit-déjeuner sous la lumière néon.
Assis l’un en face de l’autre, chacun la tête penchée, l’homme est plongé dans un hebdo télé pas cher, la femme lit attentivement Le Parisien.
D’habitude, c’est l’inverse, la femme scrute les programmes télé et l’homme les pages PMU.
Il est resté quelques secondes dehors à les regarder.
Ils n’ont pas levé la tête.
Ils ne se parlent pas, ils lisent, chacun la main posée distraitement sur sa tasse de café.
Tiens, c’est drôle, une main gauche et une main droite.
Quelques centimètres seulement séparent ces deux mains sur la table.
Il suffirait d’un rien, un geste instinctif, une envie de se décrisper, pour qu’elles se touchent.
Alors, ils se regarderaient sans doute une seconde, peut-être même en s’excusant.
Puis ils reprendraient leur lecture attentive.

afghane

muette et souriante
ses yeux me parlèrent
ils me dirent
n’aies pas peur tu peux me regarder
et elle souleva légèrement son voile
la main ouverte comme une offrande

je suis la femme et l’argent
je suis la richesse et la pauvreté
je suis l'amour et son objet
je suis l’extérieur et le fond de toute chose

aux portes du désert de thar
je suis la jeune mariée
qu’on dit soumise et qui sait son pouvoir
je ne parle pas
mais tous les désirs du monde sont en moi

mon mari est d’accord
tu peux me mettre sur ta photo
mais pas lui
il est fier de me montrer mais c'est un homme
un descendant de guerriers
personne ne peut lui voler son image

il ne se rend pas compte
j’ai plusieurs kilos sur le dos
c’est lourd
admire je te prie
tous ces bijoux m’appartiennent 
et les broderies
c’est moi qui les ai créées
toute notre fortune la voici
c’est moi qui la porte
chez nous les maisons ne ferment pas à clé
il ne faut rien y laisser quand on sort
alors on emmène tout sur soi
je suis le coffre-fort et la beauté

et elle me supplia
s''il te plaît oublie les bijoux un instant
plonge au fond de mes yeux
tu y verras des choses que je ne dirai jamais
regarde bien

puis elle s'en alla
à quelques pas derrière son homme
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier