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ma compagne

ma compagne
à la grâce dénouée
des heures imparfaites
mon envie d’ombre 
où se cacher le jour
dans un bois de senteurs 
et de chuchotements 

mon fanal de brume
ensorcelée
sur un canal lent et droit 
au secret chemin de halage

mon horizon magique 
de mer et vent mêlés
mon eau de source
rivière et cascade 
où s’abreuver

ma musique aux notes saillantes
blanchies par la lumière
à l'aube flottante
d'un sourire salutaire

ma couleur d’outremer
profonde et fière
ma tour du futur cerclée 
de nuages débridés 

mon infusion de mots 
tenaces cris de vérité
sur un cœur de tambour
et de fanfare enguirlandée

mon rire impérieux
dans la tempête
ma voie de règne ensoleillée
par les yeux profonds de l’apnée

mon archange de paix
ma vie 
mon éternité

Hommage à Louis Aragon
Texte de Luc Fayard à voir dans Galerie Amavero illustré par deux nus peints à 60 ans d'écart : Big Study for Nude, de Tom Wesselmann (1976) et l'illustrissime Nu couché d'Amedeo Modigliani (1917)

léger sourire

elle buvait
par à-coups mécaniques
cigarette à la main
cheveux cachés dans la fumée
tête penchée
regard flou lointain

silhouette habituelle
de fond de salle
épaules serrées
dans un manteau gris
on ne voyait que ses mains
au bout desquelles
de fins ongles longs
au vernis rouge
comme ses lèvres
semblaient des étincelles

elle buvait
verre après verre
cigarette après cigarette
appliquée
parfois languide
distraite et vague
indifférente
comme si elle dessinait
des cercles dans le vide
rien n’avait d’importance
hormis boire et fumer

de temps en temps
la cendre tombait
sur la table du bistro
elle la chassait
d’un doigt négligent
comme elle repoussait
de sa pensée
les soucis d’aujourd’hui
de son cœur
les regrets du passé

elle buvait
à sa solitude fière
aux amants oubliés
aux chansons entonnées
les soirs de fête
si nombreux
qui ont peuplé sa vie
si longtemps

elle buvait
sans rien attendre
ne levant plus la tête
à la cloche de la porte
n’espérant plus personne

et pourtant dans la brume
de sa triste vie
à sa table ce soir-là
quand vint l’heure de la fermeture
dans le du tintement des verres
le raclement des chaises
et le frottis du balai
apparut dans ses yeuxs
comme un léger sourire
qui éclaira doucement
le coin de ses lèvres
et son visage tamisé
en fut rajeuni

Texte de Luc Fayard, inspiré par le tableau Femme buvant, de Gerhard Richter (1968)
Voir la mise en scène dans
Galerie Amavero

La vague de Camille Claudel

La vague devient chair sous le ciel dénudé,
Le long de son corps embrasé se perd le temps,
L’onde enserre la lumière de vert veinée,
Oblitérant de ses doigts le jour en suspens.

Lors, la vague émeraude vomit la colère
Dans la danse de ses lames effrénées,
Se pétrifie dans les coulures de l’éther
Son âme déchue où s’émiettent les trophées.

Les trois belles à l’entour de l’intempérance
Éclaboussent la vague de leur nudité,
Quand leurs cœurs ceints d’onyx vibrent dans les luisances.

La grâce susurre à la vague captivée :
« Sursois à briser mon âme qui bat encore
Dans la danse des corps où vacillent les ors ».

Texte de Laurence Sophie inspiré par la sculpture La Vague ou les baigneuses de Camille Claudel. Voir Galerie Amavero

Malika

À mes mamas algériennes.
Deux mamas qui ne se connaissent pas, sont pourtant tatouées dans mon cœur.
L’une est ma belle mama de la poésie et l’autre est ma mama Malika.
Même le prénom MALIKA comporte le nom de Ali BELKAHLA.
On ne récolte ce que l’on s’aime, j’ai été baptisée Yacuta par Linda.
Encore une autre mama, à laquelle je tatoue le signe de l’amour,
Ave Maria, si tu me reconnais, je suis ta tata.
Cette toile figurative est le caméléonisme du culturisme.
Je développe ma masse musculaire pour faire de l’esthétisme.
À plusieurs, les mamas deviennent QUEEN
À l’image de Malika.
Des femmes fortes qui ont enfantées les plus beaux insignes.
SAL’ÂME ALI BOOM, KELTOUM !
Ils sont DEFFOUS ces Algériens !

Texte: Angélique Leroy
inspiré de
Malika, de Keltoum Deffous
à voir illustré dans Galerie Amavero

mystère de la création

il y a longtemps
dans une haute tour 
accrochée au ciel
le monde fut créé
par une femme
délicate et pensive

attachée à son labeur
telle une tisserande à son métier
elle dessinait avec bonheur
d’étranges et beaux objets

chaque jour chaque nuit
la lune et le soleil l’aidaient
en posant de fins rayons
d’ombre et de lumière
sur sa planche à dessin

son violon amoureux
jouait pour elle 
des airs envoûtants
qui deviendraient plus tard
la première symphonie 
des chants du monde

les notes émurent les esquisses
alors la forme vivante fut
d’abord les oiseaux 
qui s’envolèrent à tire d’aile
puis vint tout le reste 
de la grande arborescence
des plantes et de l’eau
animaux et hommes
poussières de vie
s’égayant dans le vent

souriant de tant de beauté 
et d’harmonie
la mère de la création 
heureuse et solitaire
vécut longtemps
améliorant jour après jour
les fruits de son âme
entourée de robots fidèles
gardiens de son alchimie

quand elle mourut 
tâche accomplie
le monde sur sa lancée
continua de tracer 
sans elle
son cercle fini
infiniment répété

mais un jour advint
ce qui devait advenir
sans sa matrice 
ni son sourire
l’homme se crut 
le roi du monde
et ce fut le début 
de la fin du monde

Texte: Luc Fayard
inspiré de La Création des Oiseauxde Remedios Varo; voir la mise en scène en récitation musicale de poésique sur instagram @lucfayard.poete et dans Galerie Amavero

Femmes qui dansent

dans la ferveur de leur corps – elles dansent et dansant sont
comme une extension de la chair augmentée par la lumière
elles appellent l’été la chaleur et la couleur et leurs joues – leurs joues prêtes au baiser à l’amour au plaisir
leurs joues soudain rosies par la moiteur et séchées dans l’air doux qui frémit dans leur cœur
ainsi elles toutes – toutes nues – toutes offertes
à nul autre qu’à elles et
elles dansent
comme dansent les nymphes et les muses elles – elles qui dansent et qui dansent au-dedans de leur corps –
elles toutes qui s’agenouillent
là – devant leur dieu – un seul – l’orgueil
à l’autel sont pareilles à l’appel de la sève
tout en elles s’éternise et s’impatiente
comme on double d’un autre ce qu’on est en-dessous dessous la peau dessous l’os et encore en-dessous
elles – miroir éclaté qui se réfracte dans les rayons du soleil


mis en scène dans Galerie Amavero art et poésie
Texte : Chloé Charpentier 
Inspiré de : La Joie de vivre, de Clémence Pierrat

petits riens de bonheur

soudain la voici
apparition
cœur en surchauffe
sa peau de louve
ses yeux de brume
le long nez fier
cheveux cachés
envie de les lisser
ah la belle oracle
tête inclinée
elle écoute
réfléchit
quand elle marche
fragile
son corps agile
crée sa bulle
le vent s’écarte
sur la silhouette
dansante
statue vivante
art en mouvement
le temps perplexe
contemple l'instant 
à peindre sur site
quand tout se fige
les lignes fuient
l’ombre s’agrandit
et puis voila
elle est partie
sur un soupir 
un sourire

le monde s'enroue
et dans la brèche
créée par elle
dans la grande ronde
il ne reste à peine
qu'un souvenir de parfum
la gracilité des mains
l'image floue
de sa moue
rien que des petits riens
de bonheur

Texte : Luc Fayard
voir l'oeuvre créée par l'IA en lisant ce texte
voir la mise en scène plus classique de Galerie Amavero

voilette

chapeau voilette et plaid
la jeune femme s’abrite
et se cache peut-être
on lui prêterait volontiers
une bouille ronde
elle s’insère en douceur
dans le décor
aux mêmes teintes
elle vient de quitter son amant
et s’en va discrètement
sans se retourner
ou bien peut-être
sort-elle de l’église

miroir

l’eau sombre et claire
le reflet de la barque
et des femmes en chapeau
symbole pur
du monde à l’envers
miroir presque parfait
d’un idéal atteint
les poses entre attente
lassitude et concentration
arrêtent le temps
peu importe
ce qu’il va se passer
c’est ce moment parfait
qui compte

fruit

fille des îles
douce et pensive
dans ton mouvement
de la rose à l’oreille
fruit mur à croquer
tu penches la tête
pour rêver paresseuse
à ta plage à mangrove
la-bas si loin
où le sable dru
borde la mer houleuse
tu garderas
tes secrets
quand la rose
sera fanée

colonne

elle porte bien son nom
la plantureuse colonna
moderne décontractée
habillée de bleu
comme ses yeux
qui voient bien plus loin
qu’on imagine
qui percent toute vanité
avec elle
il faut être simple et vrai
peut-être alors
vous gratifiera-t-elle
d’un grand sourire
venu de son cœur large

beaux yeux

ne cherchons pas à savoir
qui est Justine Dieulh
nul ne le sait
il faut l’imaginer
personne honnête
ou courtisane
t’as de beaux yeux tu sais
du mystère plein la bouche
et le menton fier
le foulard rouge te va bien
sur fond des plantes
du jardin
que seuls les spécialistes
reconnaîtront

rêve d'amour

symbole total du rêve
zeste de langueur
Madeleine sanglée
dans sa robe songe
et le temps
les arbres
l’eau se figent
pour l’escorter
dans son rêve
au Bois d’Amour
si bien nommé
sera-t-il exaucé

hiératique

hiératique sévère et nue
ambiance japonisante
tête égyptienne
dessin géométrique
que fait-elle là
entre ses deux vases
à quoi pense-t-elle
dans son jardin clos
qui attends-tu jeune femme
au ventre arrondi
à la peau parfaite

oriental

intimité féminine orientale dans la touche
sur le tapis voici même des babouches
mais où sont-elles ces femmes si bien nées
par le dessin simple des courbes et des attitudes
autour d’elles tout s’imagine tout se crée
dans l’absolue perfection de l’incomplétude

corbeau

pauvre douanier
quelle peur soudaine
a du l’envahir
à l’apparition
de ce corbeau saisissant
pourtant
à bien y regarder
la figure est ronde
et bonhomme
et dans les yeux
des nuages passent
comme une interrogation
elle ne doit pas être
si méchante que cela
elle grogne c’est sûr
mais parfois
peut-être
sourit-elle

lettre

le soleil couchant
lui chauffait l’épaule
visage à moitié caché
par son chapeau
elle lisait la lettre
lentement
mot à mot
pour en déchiffrer
le sens secret
longtemps
elle resta ainsi
tête penchée
puis ses mains tombèrent
lâchant la missive à terre
je crois bien
qu’elle pleurait

grâce

la grâce et l’équilibre
et presqu’un sourire
quelles sont tes pensées
jeune femme sereine
assise elle rêve
d’amour et d’amitié
et se rappelle
la peau douce de sa mère
l’effluve d’un parfum
la caresse sur l’épaule
d’un ami qui s’en va
et qui reviendra
laissons-la rêver
sans la déranger

cambrure

cambrure de toréador
hanches poussées vers l’avant
fières impudentes
comme pour te dire
regarde 
c’est moi qui donne la vie
je peux aimer tous ceux
qui partagent
empreints de compassion
car ils savent que je suis 
le désir 
et la beauté

indienne

à la façon dont elle vient vers toi 
tu ne respires plus 
les yeux verts et la voix chantante 
elle danse en marchant 
sombre pure et directe 
elle sourit de tout son corps 
et quand elle te regarde franchement 
tu ne peux pas mentir 

un enfant accourt 
elle l'enserre dans ses bras 
il s'y pelotonne les yeux fermés 
et ronronne de plaisir 
sa main le couve royale 

tout est couleur sur elle 
tout est douceur en elle 
elle est le chant des oiseaux 
le bruissement des palmes 
le miel de la papaye 
elle est la lenteur du temps 
le balancement de la mer

un dernier sourire 
la tête penchée 
elle part en glissant dans un rêve 
et toi longtemps après que l'ombre vaporeuse 
d'une femme voilée douce calme et joyeuse 
se soit évanouie de la chaleur humide 
tu garderas en toi cette entrevue numide 
vertige surpris de paix lumière et de vie 
miracle précieux d'une apparition bénie
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier