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lectrice

absorbée par sa lecture
yeux baissés teint frais
chignon rapidement fait
joues rougies par l'émotion
la lectrice est pressée
d’empoigner son livre
on aimerait savoir
ce qu’il raconte
histoire d’amour
ou poésie
Romances sans paroles
vient de paraître
peut-être lit-elle Verlaine
poète impressionniste
de l’extase langoureuse

voilette

chapeau voilette et plaid
la jeune femme s’abrite
et se cache peut-être
on lui prêterait volontiers
une bouille ronde
elle s’insère en douceur
dans le décor
aux mêmes teintes
elle vient de quitter son amant
et s’en va discrètement
sans se retourner
ou bien peut-être
sort-elle de l’église

enfant bleu marine

rouge et bleu forts
teintes veloutées
des yeux perçants
comme des phares
l’enfant possède la beauté
d’un caractère trempé
la bouche bien dessinée
il pose pour nous
ferme et tranquille
il sait déjà
qu’il fera parler de lui

meringue

tout est indice ici
on imagine l’activité de pêche
sans bien la voir
les nuages sont posés
dans le ciel
comme des meringues
à l'envers
on suppose que les bateaux
ne sont pas encore rentrés
c’est le calme
avant la tempête
de la criée et de la foule
au loin les cheminées fument
symboles d’une ville industrieuse

barques sur la grève

étonnantes disproportions
entre humains et barques
bateaux sur la plage
et ceux sur la mer
homme chétif
tu es grain de sable
poussière de vent
jouet dans les bras
des puissances marines
tu peux t’agiter
elles gagneront toujours
range tes barques
tes filets
va prier les saints
que la mer t’épargne

tout est dit

rien que du simple
au premier plan
une fermière et sa vache
un arbuste un pré
au second plan
un village
aux toits bleus et rouges
au dernier plan
une colline au sommet arrondi
aux champs bien délimités
et l’on comprend
que tout est dit

neige sur les toits

la neige est sur les toits
dans l’air aussi
léger filtre marbré
posé sur le tableau
les persiennes sont fermées
les gens calfeutrés
c’est bizarre
il manque les volutes de fumée
s’échappant en spirale
des cheminées

jaune

pays jaune
cela n’existe pas
un paysage jauni
comme celui-ci
et pourtant
quelle force quelle vie
dans les lignes
dans les formes
et l’eau si présente
qu’on la voit frémir
qu’on l’entend gémir
il fait chaud ce jour-là

architecte

il est sorti
fumer une cigarette
trop de bruit là-dedans
ah ces artistes
en discussion
il goûte un moment
le calme serein
de son jardin
le temps de s'imaginer
un avenir glorieux
d’architecte ami des arts
puis il rentrera
dans le brouhaha
qu’il aime bien
finalement
il en fait partie

inspiré par : Charles Le Cœur (Auguste Renoir)

miroir

l’eau sombre et claire
le reflet de la barque
et des femmes en chapeau
symbole pur
du monde à l’envers
miroir presque parfait
d’un idéal atteint
les poses entre attente
lassitude et concentration
arrêtent le temps
peu importe
ce qu’il va se passer
c’est ce moment parfait
qui compte

sur un banc

jeunes filles rangées
sur un banc de parc
trop sages
lisant ou rêvant
la tête baissée
dur d’être 
le centre du monde
autour d’elles 
tout est vivant
mais flou
sans importance
leur coeur bat fort
et les entraîne loin
celui se souvient
de ses rêves d’enfant
sur un banc de parc
n’est pas tout à fait mort

inspiré par : Sur un banc du Bois de Boulogne (Berthe Morisot)

fruit

fille des îles
douce et pensive
dans ton mouvement
de la rose à l’oreille
fruit mur à croquer
tu penches la tête
pour rêver paresseuse
à ta plage à mangrove
la-bas si loin
où le sable dru
borde la mer houleuse
tu garderas
tes secrets
quand la rose
sera fanée

colonne

elle porte bien son nom
la plantureuse colonna
moderne décontractée
habillée de bleu
comme ses yeux
qui voient bien plus loin
qu’on imagine
qui percent toute vanité
avec elle
il faut être simple et vrai
peut-être alors
vous gratifiera-t-elle
d’un grand sourire
venu de son cœur large

destin

massif concentré silencieux
assis au fond
dans un coin
il ne voit que ses cartes
le monde disparaît pour lui
il commence même à s’effacer
son destin se joue
dans sa main
une fois de plus
il s’interroge
la vie est un pari

silence

épaules ramassées
coudes posés
peu importe le jeu
pas d’argent
sur la nappe
qu’on soit
méthodique ou intuitif
parfois la vie se résume
à des figures
sur une carte
le silence
et la confrontation

beaux yeux

ne cherchons pas à savoir
qui est Justine Dieulh
nul ne le sait
il faut l’imaginer
personne honnête
ou courtisane
t’as de beaux yeux tu sais
du mystère plein la bouche
et le menton fier
le foulard rouge te va bien
sur fond des plantes
du jardin
que seuls les spécialistes
reconnaîtront

guinguette

nervosité du trait
dans le détail qui dit tout
le serveur est roux
la dame porte un châle
son compagnon l’écoute
un oiseau passe
il y a du vent dans l’arbre
et puis le regard s’élargit
embrasse toute la scène
s’imprègne de l’ambiance
pas beaucoup de monde
à cause du froid peut-être
on a envie de chanter
ah le petit vin blanc

allusions

l’étape est franchie
de la forme ne reste que
couleurs réinventées
et allusions
chaque chose
pourtant à sa place
on devine on imagine
on se laisse emporter
par la musique des teintes accolées
on voit la maison
on voit les arbres
on voit l’eau
ensuite
on ferme les yeux
et le spectacle continue
en chacun de nous

tache de soleil

tout le monde aurait voulu peindre
des taches de soleil
comme celles-là
un vrai rouge sang
qui tache
qui fait mal
et chaud au coeur
le vert est vert
la vie est contraste
la vie explose
comme une tache
de sang

rêve d'amour

symbole total du rêve
zeste de langueur
Madeleine sanglée
dans sa robe songe
et le temps
les arbres
l’eau se figent
pour l’escorter
dans son rêve
au Bois d’Amour
si bien nommé
sera-t-il exaucé

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier