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plage

la plage est un lieu
d’affrontement
d’abord les couleurs
sable mer rocher 
ravigotées par les jeux
d’ombre et de lumière
puis les perspectives
la mer qui s’en va
la falaise hautaine
et enfin les odeurs
légères et lourdes
et à la fin toujours
c’est la mer qui gagne

paysage

la pierre et le sang
le chêne et la cendre
le pin et la croix
l’eau qui sourd
en chuintant
le ciel repeint
comme un décor
la colline traître
derrière sa rondeur
la montagne
aux pics de brume
et sur les chemins
qui tournent toujours
les cailloux blêmes
durs et tranchants
pour vous rappeller
qu’il faut avancer
quand même

Hommage à la Provence

Texte de Luc Fayard inspiré par les tableaux Postcards from Provence, de Julian Merrow-Smith, à voir dans Galerie Amavero

chaise rouge

dos à la mer
où rien ne bouge
juste une ride
la chaise rouge
blanche et altière
reste impavide

au loin les monts
vaporisés
de brume moite
se retransmettent
en un frisson
leur silhouette
au trait chinois

quel est le fou
pour ignorer
qu'ainsi s'asseoir
la mer au dos
quand vient le soir
c'est négliger
la beauté fière
d’un court instant
d’éternité
et de repos

Texte inspiré par une photo de Luc Fayard, prise à Lefokastros, Pelion, Grèce

brume

je suis le voile du marin
enrobant le navire
pour lui dérober la vie
je suis l’humide gris
perlant de gouttes
sur le pont salé

porteuse de poisse
je suis la fatalité
faiseuse d’angoisse
à qui on finit
par s’habituer

quand je suis là
sans m’être annoncée
anxieux le marin
ne voit plus rien
silencieux aux aguets
l’oreille tendue
il écoute ausculte
car il le sait
je ne pardonne rien
ni l’invisible rocher
ni la boussole affolée

sur la cote floutée
le phare sans veilleur
peut se moquer de moi
mais que m’importe
où son regard porte
tenace obstinée
d’une infinie patience
je tisse ma toile
d’ombre et de destin
posément je déploie 
mon filet de mailles
à l’invisible ouate
enserrant ses proies

pour un temps incertain
au nom de l’indistinct
moi juge de la loi altière
j'abolirai la frontière
entre laideur et beauté
pour emmêler
sans remords
le jour et la terre
la nuit et la mer
la vie et la mort

Texte de Luc Fayard, inspiré par une photo de Bérangère Costa,

énergie

d’où vient-elle cette énergie
à diffusion lente
dans l’esprit le corps

je connais sa seule source 
la beauté pure
invisible sans forme
intouchable et vibrante

pour la sentir je deviens ermite
assis sur la montagne
contemplant au rythme  d’un souffle lent
la vallée de mon cœur 

j’y vois ma vie défiler en pointillé
comme les pions d'un échiquier
les passants de rencontres
n’y sont que des ombres

je lève la tête
et la-haut je les vois
les oiseaux libres et chanteurs
ravisseurs d’espace
dansant en cercle 
faisant la farandole
ils finiront par se taire
et partir au loin
planant en vol
longtemps
rétrécis à n’être plus qu’un point

alors je ferme les yeux
les bras tendus
tournant mes paumes vers le bas
avec encore dans mes oreilles 
cette merveille
le chant des mésanges 
noires si aigu

c’est comme si 
j’embrassais tout le paysage
c’est comme si 
l’énergie des monts et des brumes
l’énergie du vent chaud et humide
l’énergie des plaines et des forêts
me traversait tout le corps
des pieds ancrés en terre
à la tête souriant aux anges

Texte de Luc Fayard inspiré par Bords de mer , de Hélène Averous, encre de Chine sur papier de riz,; voir la mise en scène dans Galerie Amavero et dans instagram @lucfayard.poete et aussi dans lespoetes.net

soir flamboyant

vase de fleurs carrées
ou glaçons orangés
fond de taffetas rouges
bordant la mer qui bouge

 immeuble ultra-moderne
et gratte-ciel bleui
train à vapeur en berne
par la fumée noirci

non je ne veux pas voir
les rivières de sang
mais le soir flamboyant
fort de rêve et d’espoir

Texte: Luc Fayard inspiré de :
soir flamboyant, de Guillaume Villaros - 2010/2014 - acrylique au couteau sur papier - 60 x 50 cm

la vie la mer

les nuages bas
l’océan moutonne
dans ses plis
abolis
les crètes frissonnent
sous un ciel bien las

plus envie de rien
se laisser porter
par le vent 
le courant
pour tout oublier
sa vie son dessein

c'est l'esprit éteint
par la rêverie
du remous
qu'un corps mou
perdu dans la nuit
dérive sans fin

au matin pourtant
le marin secoue
sa carcasse
dans la nasse
il reprend sa roue
et son cap au vent

ainsi va sa vie
sillage de mer
non tracé
cœur lassé
par le goût amer
du temps asservi


Texte : Luc Fayard
inspiré de
Pleine mer, temps gris, de Charles-François Daubigny

trait noir

trait noir d’horizon
surmonté d’un demi-cercle
qui deviendra cercle
se hissant lentement
fatalement 
le plus haut possible
dans le ciel
tous les jours
jusqu’à la fin du monde

coincés entre la voûte bleue 
et le vaste foncé 
glissant parfois vers le vert
bloquées entre ces deux univers
de fines couches orangées
font les tampons ouatés
entre deux mondes

tous les matins sans musique
à l’heure à peine glissante
se déroule la même lente 
et splendide cinématique

rien ni personne d’autre
pour la goûter
pas même un cri d’oiseau
silence de pleine mer
sauf ce léger bruissement
de brise tiède
aux multiples futurs

et si en plus ce jour-là
la mer est plate 
l’homme vivra
il le sait
la seule expérience possible
du paisible infini

conscient de son humble position
invité du dernier rang
quand la nature oxygène 
l’âme du marin
il respire sans fards la splendeur 
du plus beau spectacle du monde

chaque jour
minimaliste 
le même scénario
et pourtant chaque jour 
une émotion différente
étreinte de vérité
crainte de faiblesse
offrande de beauté
mystère de demain
bout d’éternité 
dans un bout d’âme
fenêtre ouverte 
sur l’absolu

debout sur le pont 
tête haute 
main serrant la filière
dire merci

parfois à l’aube
les couleurs grimacent
vers le plus noir
le vent a choisi de forcer
la mer aussi se fonce et bouge
secouée par en-dessous
du bruit plein les oreilles
ça siffle et ça tape
beaucoup de travail
les mains prises
pas le temps de rêver

mais le marin le sait
là-bas derrière la brume
et la barrière de pluie
même dans le gris
et la lourde fureur
le disque se lève encore
et encore

immuable beauté 
de la nature
sans spectateur

Texte: Luc Fayard

ombres de plage

large bande de frontière
entre terre et eau
matière changeante
élastique et malléable

territoire des errances
agité par le vent
troublé par la brume
filtrant les silhouettes

lieu d'existence plurielles
à l’écume frisée
et de soubresauts
du sable créateur

qu’importe la pluie
il y a toujours 
une épuisette à serpenter
dans les mares glauques

et des corps occupés
dès le petit matin
à soulever les galets
cachant les trésors

infatigable plage
aux recoins secrets
aux lignes floues
comme la vie

Texte : Luc Fayard
inspiré par
Scène de plage, de Marie Delourme

entrer dans l'eau

l’entrée dans l’eau de mer
surtout quand elle est fraîche
est un rituel très personnel
on y va franchement
ou bien en sautillant
ici on plonge d’emblée
là on s’accroupit
c’est un défilé de gestes
mimiques postures
pour que s’accordent les fluides
il y a tous les cris
toutes les nages
tous les âges
le bain c’est la vie

rouleaux

les rouleaux se déroulent
l’écume fume
les vagues divaguent
les bleus marins
embrassent le ciel
accueillent le vent
la côte regarde étonnée
ce spectacle quotidien
de force et de bruit
la mer sauvage et fière
que l’homme toujours
voudra dompter

régate

l’eau clapote
sous les coques
la brise gémit
dans les voiles
les poulies grincent
sous l’effort
il faudra virer
la bouée là-bas
changer d’amure
partir au près serré
qu’importe la victoire
quand les chants de la mer

barques sur la grève

étonnantes disproportions
entre humains et barques
bateaux sur la plage
et ceux sur la mer
homme chétif
tu es grain de sable
poussière de vent
jouet dans les bras
des puissances marines
tu peux t’agiter
elles gagneront toujours
range tes barques
tes filets
va prier les saints
que la mer t’épargne

fruit

fille des îles
douce et pensive
dans ton mouvement
de la rose à l’oreille
fruit mur à croquer
tu penches la tête
pour rêver paresseuse
à ta plage à mangrove
la-bas si loin
où le sable dru
borde la mer houleuse
tu garderas
tes secrets
quand la rose
sera fanée

arbre et mer

l’arbre aime la mer
son odeur salée
le sable granulé
qui lui mord les pieds
il se nourrit
du bruit des vagues
du cri des mouettes
il pousse ses branches
le plus loin possible
pour attirer les visiteurs
dans son ombre tiède
nourrie d’histoires tendres
et de passions secrètes

baleine

mi baleine mi bateau
la forme animale
glissait dans l’eau
dans un souffle puissant
ses antennes blanches
captaient l’univers
de sa gorge jaillit
le chant de la mer
un chant d’union
que tous entendirent
hommes et poissons

cycle marin

l’huître boit la mer
la mer savoure le soleil
le soleil chauffe le rocher
le rocher se pare d’écume
l’écume emporte l’algue
l’algue se couvre de sel
le sel titille le couteau
le couteau attend la marée
la marée renvoie le poisson
le poisson caresse l’huître

uniforme

l’uniforme est rouge
comme le soleil
ou la terre
de certains pays
les bleus mer et ciel
se croisent et s’épaulent
les arbres sont rectilignes
comme des murs d’école
dehors tout est droit
dans les cœurs
tout est rond

la mer n'est pas calme

la mer n’est pas calme
elle vaque sans arrêt
tout bouge en elle
et mon âme avec
on ne chérit pas la mer
on la vit au fond de soi
avec les mêmes déchirements
les mêmes joies
jamais elle ne se taira
moi non plus

sable et mer

quand le sable et la mer
les nuages et le vent
le ciel et l’horizon
ne voudront plus former
qu’une seule trace
courant à l’infini
ton âme volera
avec les éléments
emportée par ton rêve
ta vie sera légère
et ton coeur purifié  

écrit à l'origine pour un tableau de Nathalie Bodet qui ensuite n'a plus voulu qu'on publie son tableau
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier