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enfance

j’aimerai tant retrouver
cet esprit d’enfance
pétillant d’impertinence
où l'on peut 
croire impassible
à tous les rôles
des infinis possibles
s’asseoir persuadé
que le monde guette
sa parole libre
d'insouciance
sentir le vent
ébouriffer sa vie
poser là
son évidence
sa vérité
crue et nue
laisser passer les rêves
dans ses yeux mi-fermés
sans se lasser
en oubliant le temps
l’enfance est sans horloge
sans apparat ni toge

et dans une moue sans rire
montrer qu’on existe
pour le meilleur de l'artiste
et jamais pour le pire

Texte de Luc Fayard inspiré par la sculpture Plume (bronze, 39x28x14cm) de Valérie Hadida. Voir mise en scène dans Galerie Amavero

les mots

galets plats bondissant
sur l’eau trouble
d’un lac de pensées

toile d’araignée
de sentiments tissés
par l'indicible

jeu permanent
de l'ambiguïté perverse
entre son et sens

esquisses imparables
de beauté révélée
en chemin

notes seules fusant
vers la cible lointaine
ou gaiement résonantes

signes obsolètes
à peine dessinés
dans le labyrinthe touffu
de l’âme à la raison

rochers de marbre
en taille directe
ou bijoux ciselés
au poinçon d’artisan

vagues séquentielles
sur la mer houleuse
des désirs enchaînés

méandres menant au but
par des détours obligés
ou lignes imparables
de traits volontaires

truelles des espaces
éternels de vérité
nuages pépites 
d’un ciel troué de lumière

trésors accordés
à qui veut ouvrir
leurs serrures naturelles

posez-les sur un cercle
libres et solidaires
les mots vous habiteront
à jamais

Texte: Luc Fayard. Voir dans Galerie Amavero une mise en scène illustrée par le tableau d'Odilon Redon: Le rêve du poète; voir une autre mise en scène, illustrée par une image IA dans Poésie de l'Art

origine des mots

rien ne peut troubler 
l’origine de mes mots
ni le tam-tam des hommes
ni le fracas des vagues

ils viennent d’un lieu
protégé de la furie
indifférent à l’heure
insensible à la pluie

ce lieu mon âme 
secrète et orgueilleuse
chercheuse de beauté
dans l’existence

mes mots éclosent seuls
exfiltrés de la folie
avançant chaotiques
vers la ligne d’horizon

rien ne peut égaler
leur vérité ciselée
ni le chœur des sanglots
ni les tollés de joie

atterris en grappe
d’une autre galaxie
mes mots flânent
libres et fiers

sans suivre de chemin
créés par évidence
ils sont délivrance
ils sont le chemin

traceur de cercles
dans la ronde infinie
le porteur de mots
n’est pas un prophète

juste une graine de plus
dans la semence du monde
quelques gouttes pures
pour étancher sa soif

à l'instant de les recueillir
celui qui les boira
découvrira désaltéré
que sa nuit s’est embellie

le jour n’aura plus
la même lumière
et dans son cœur vibrant
la vie sera plus légère

Texte : Luc Fayard
voir la version illustrée par
Un monde imaginaire, de Isaac Grünewald

la raison du poète

je crée mes souvenirs
comme un artiste repeint sa toile
l’avenir est un élixir
diluant le présent dans le passé

je ne suis que chimie
de pensées programmées
les mots mentent
ils existaient avant moi
quand tout était différent

mon cœur s’emballe sans raison
vers tous les cardinaux
j’ai perdu le goût de tout
je souris sans passion
ne contemplant rien d’autre
que l’intérieur de moi

et pourtant je respire j’existe
mais pour quoi
quel destin pour un grain de sable
volant au moindre frisson marin
les poussières ne se donnent pas  la main

croyant vivre la même aventure
les hommes s'agglutinent
pour flotter dans les courants tièdes

la réalité n’a pas de géométrie universelle
la vérité est un leurre de l’histoire
l’amour un rêve fatal à l’indépendance
aveugle j’avance en automate

monté sur quel ressort
ni justice ni compassion
ni revanche ni haine

peut-être simplement
l'impérieux  désir de beauté
drapeau blanc surnageant du naufrage
triangle vert coiffant la soucoupe des nuages
seul chemin vers une transcendance
qui se passerait de l’histoire et des signes

sans nul besoin de raison folle
un chemin sans étoiles
qui est tout
sauf une ligne droite

Diplôme d'Honneur - Prix de poésie Europoésie-Unicef 2023

Texte : Luc Fayard
voir la version illustrée par
Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar David Friedrich

être et matière

être et matière
si semblables
qui est vivant
qui bouge vraiment
d'où vient la réalité
qui se forge
dans notre esprit
sensible à la création
dans notre vision
d’un monde remuant
capable d’accueillir 
en son propre sein
une éternité statufiée
plus vraie que la vie
et demain des robots
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier