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la voix de l'invisible

je suis le courant abyssal 
portant la mer sur ses épaules
je suis la rosée du matin
avant sa première perle
je suis la racine de l’arbre 
qui le pousse vers le ciel
je suis le murmure des feuilles
pénétrant la peau
comme une perfusion de douceur

mon pollen donne la vie à tout être
qui veut la goûter
mes parfums enivrent les âmes
unies dans le même souffle
ma tristesse façonne l’esprit
pour le fortifier
mes désirs vibrent à l’unisson
comme les cordes d'une harpe
mes ondes créent l’arc-en-ciel de lumière
sur la voûte du chemin

je suis le vent de toutes les colères
et de l’amour aussi
je suis l’aiguille de l’horloge des cœurs
et quand mes rêves construisent 
la réalité du silence
je suis l’impossible pensée avant les mots

je suis le destin la peur 
la mort
je suis la beauté 
née avant toute chose
avant même 
la gravité de l’univers

Voir mise en scène dans Galerie Amavero.

vieux poète

deux fois trente ans
de mes mots flamme
épars au vent
me forgent l’âme

la litanie
du mot qui craque
écrit ma vie
d'un cœur en vrac

Premier Prix du Concours MagCentre-Litt'oral 2024 dont le thème était "J'ai trente ans", à écrire en trente mots.
Texte de Luc Fayard illustré par "Paris, les bouquinistes" d'Eugène Galien Laloue: voir la mise en scène dans Galerie Amavero et dans instagram @lucfayard.poete

origine des mots

rien ne peut troubler 
l’origine de mes mots
ni le tam-tam des hommes
ni le fracas des vagues

ils viennent d’un lieu
protégé de la furie
indifférent à l’heure
insensible à la pluie

ce lieu mon âme 
secrète et orgueilleuse
chercheuse de beauté
dans l’existence

mes mots éclosent seuls
exfiltrés de la folie
avançant chaotiques
vers la ligne d’horizon

rien ne peut égaler
leur vérité ciselée
ni le chœur des sanglots
ni les tollés de joie

atterris en grappe
d’une autre galaxie
mes mots flânent
libres et fiers

sans suivre de chemin
créés par évidence
ils sont délivrance
ils sont le chemin

traceur de cercles
dans la ronde infinie
le porteur de mots
n’est pas un prophète

juste une graine de plus
dans la semence du monde
quelques gouttes pures
pour étancher sa soif

à l'instant de les recueillir
celui qui les boira
découvrira désaltéré
que sa nuit s’est embellie

le jour n’aura plus
la même lumière
et dans son cœur vibrant
la vie sera plus légère

Texte : Luc Fayard
voir la version illustrée par
Un monde imaginaire, de Isaac Grünewald

le poète est un rat

le poète est un rat
terré dans ses mots
obsédé de visions
rongeur de sens troué

son âme torturée
s’effraie du moindre bruit
que ferait une musique
plus belle que la sienne

dans son terrier
sale et sombre
il pond jaloux
ses mots fantômes

mots égarés
poule devenue folle
couvant toute la nuit
des œufs de serpent

il n’écoute que le bruit
de son cœur excité
qui lui dresse un rempart
fatal à la réalité

la vie s’écoule
en-dehors de lui
jamais ses mots
ne la rattraperont

toujours grognant
il racle le papier
comme un chien
renifle la bouse

jamais la rose
n’y fleurira
juste des ronces
et des orties

il aura beau
les sculpter jour et nuit
elles le gratteront
toute sa vie

Texte : Luc Fayard
voir une version illustrée par IA

sous les ponts

sous les ponts
coule toujours la Seine
et les amours racontent
les mêmes histoires
les quais soupirent
des rencontres passantes
éternité de l’âme
émotions du poète
devant l’eau qui file
oxymore emblème
de la présence éphémère

il pleure

il pleure souvent
dans mon coeur
quels yeux
quel visage
quel front
et dans les couleurs
quelle audace
la lumière
blafarde
mortuaire
et pourtant
quel attrait
quelle gueule
on aimerait bien
le rencontrer
dans un bar

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier