Affichage des articles dont le libellé est brume. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est brume. Afficher tous les articles

neige (2)

voile de mariée
en pointillisme
grappe de bulles
virevoltantes
semblables
et si différentes
étoile ou boule
comme une armée
de petits soldats
gérant savamment
l’espace entre eux
inexorables flocons
aimantés
par la gravité
manteau de fausse brume
jeté sur le paysage
coup de pinceau
sur le ciel gris
accumulée
en un point 
du destin
elle fait
ployer la feuille
baisser la branche 
frissonner l’arbre
le toit se cache
le chemin disparait
plus d’horizon
tout a changé
d’un tour de magie
pour quelques degrés 
de moins
un univers est né

brume

je suis le voile du marin
enrobant le navire
pour lui dérober la vie
je suis l’humide gris
perlant de gouttes
sur le pont salé

porteuse de poisse
je suis la fatalité
faiseuse d’angoisse
à qui on finit
par s’habituer

quand je suis là
sans m’être annoncée
anxieux le marin
ne voit plus rien
silencieux aux aguets
l’oreille tendue
il écoute ausculte
car il le sait
je ne pardonne rien
ni l’invisible rocher
ni la boussole affolée

sur la cote floutée
le phare sans veilleur
peut se moquer de moi
mais que m’importe
où son regard porte
tenace obstinée
d’une infinie patience
je tisse ma toile
d’ombre et de destin
posément je déploie 
mon filet de mailles
à l’invisible ouate
enserrant ses proies

pour un temps incertain
au nom de l’indistinct
moi juge de la loi altière
j'abolirai la frontière
entre laideur et beauté
pour emmêler
sans remords
le jour et la terre
la nuit et la mer
la vie et la mort

Texte de Luc Fayard, inspiré par une photo de Bérangère Costa,

ombres de plage

large bande de frontière
entre terre et eau
matière changeante
élastique et malléable

territoire des errances
agité par le vent
troublé par la brume
filtrant les silhouettes

lieu d'existence plurielles
à l’écume frisée
et de soubresauts
du sable créateur

qu’importe la pluie
il y a toujours 
une épuisette à serpenter
dans les mares glauques

et des corps occupés
dès le petit matin
à soulever les galets
cachant les trésors

infatigable plage
aux recoins secrets
aux lignes floues
comme la vie

Texte : Luc Fayard
inspiré par
Scène de plage, de Marie Delourme

oreille

l’œil handicapé
l’oreille prend le relais
la brume en mer
c’est d’abord des sons
la corne pour dire attention
la cloche sur la bouée
ou à l’entrée du port
quand il ne voit rien
le marin craint les sirènes
ensorcelantes d’Ulysse
ou les monstres marins
Charybde et Scylla
alors il chante
pour dire à la mer
qu’il n’est pas encore mort

inspiré de : Le chalut dans la brume, d'Hélène Benayoun


Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier