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mourir un peu

mourir un peu pour savoir
et revenir et le dire
la vie est belle 
partir ne me fait pas peur
j’en aurais même envie d'une certaine façon
je meurs de ne pas savoir ce qu'il y a derrière tout cela
au-delà de l'agitation de lumière et d'espoir
d'ombres et de souffrances

quand tout se taira n'y aura-t-il que le noir
je ne peux le croire
si ce néant est la réponse et que je le sache
à quoi bon vivre
si le noir nous attend en sortant du labyrinthe muré
pourquoi continuer à s'affairer
à quoi bon rester

au contraire si tel est mon désir
rien ne sera jamais plus beau que d'y être
autant y aller sans attendre
je n'ai aucune envie de mourir
mais j'aimerais tant savoir

le soleil se perd dans la mer de nuages
sans me donner la réponse

il me faudra mourir pour savoir
je ne veux pas que ce soit définitif
juste mourir un peu
pas longtemps
juste le temps de savoir

je suppose qu'on le sait tout de suite
fulgurance de l'évidence absolue
tout le monde parle de la lumière blanche 
au bout du tunnel
je veux aller voir derrière elle

et puis revenir bien sûr
parce que la vie est belle 
parait-il
la vie est la vie
elle ne se remplace pas

si c'est ce que je crois
je regretterai de ne pas y rester
ayant goûté expérimentalement au paradis
j'aurai peur de ne pouvoir y revenir
et je vivrai dans cette douloureuse attente
cette effroyable incertitude

le noir c'est plus simple
aucune envie d'y revenir
plus jamais envie de mourir basta

et le jour où je mourrai vraiment
définitivement
s'il me reste un peu de conscience
je me dirai bon c'est fini
j'ai bien vécu et voilà tout

bon je préfère ne pas savoir
mais j'aimerais tant

trop tard

aucun mystère n’embaume ta vie close
tout est annoncé
sans bruit sans effet
forcé tu avances sur la route morose
où ne subsiste même pas
l’ombre opaque de tes pas

dans un dernier souffle qui passe
baudruche automate tu marches
sur la voie imposée sans arches
qui te conduit vers une impasse

comment croire à la valeur de ton âme
quand tout clame
que tu es de passage
tu crois sentir une émotion de partage
tu n’es que chimie mal programmée
illusion incontrôlée
tu crois renaître d’un passé glorieux
tu n’es qu’un fragment du souffle des cieux

sachant la fin écrite dès le commencement
quand viendra le moment immanquable
où poussière nue mot sans vocable
tu accompliras le dernier saut insignifiant

ce non-événement des milliards de fois répété
l’extinction sans éclat éternel
d’une infime étincelle
ne sera plus un mystère pour ton âme hébétée

ni pour tes avatars
mais il sera trop tard

nuage au paradis

je suis un nuage
nu je nage
dans l'azur pur
qui susurre
sans fin j'erre
en troposphère

haut sur terre
je délibère
des miasmes du temps
je souris gentiment
caressé par le vent
tant aimé
expirant sobrement
dans mes fils emmêlés
lissant
mes beaux cheveux
filandreux
gris cire et bleus

parfois je me fâche
et lâche
trois gouttes dures
sur la terre en murmures
de ma peau de pèche
j'empêche
le soleil
de couver mon ventre fécond
je me love en veille
chatte en rond

dans mes bras d'ouate propriétaires
j'abrite de multiples hôtes
un aréopage d'oiseaux migrateurs
en pause transocéanique
fatigués et pinailleurs
un éclair débutant qui ne sait pas tonner
des bruits prisonniers dont je garde la clé
un arc en ciel à libérer selon mon désir
et tous les souvenirs
en sépia des pays survolés
rien n'est plus peuplé qu'un nuage tentaculaire
rien n’est plus fugace

je vois tout de haut
le laid et le beau
je me détends
je suis gai
mouvant
je ris des hommes empêtrés
dans leur courte vie enflée
si vous saviez

ici tout est lent et long
pas de route pas de doute
tout est frais et surtout
teinté d’opacité

je vois tout de ma hutte
en fait chut
on ne vous l'a jamais dit
vous auriez trop d'émoi
osez lever la tête
et regardez moi
je suis le paradis

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier