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aux pages citoyens

circulez y’a rien à voir
balayez-moi tout ça
notes futiles grinçantes
phrases inutiles trébuchantes
tableaux de mensonges
à quoi ça sert tout ça hein
rien que du temps perdu

taisez-vous
pas de sons pas de mots
ne parlons même pas des dessins
n’y pensez plus
et d’ailleurs
ne pensez plus
ou plutôt 
ne pensez rien
qu’on ne vous dise de penser
c’est à peine 
si vous avez le droit
de respirer 

allez ouste
mots notes
images croquis
pensées
tous à la poubelle
et qu’on retrouve enfin
de belles pages blanches
comme des plages sans touristes
et sans parasols
et surtout vides vides
débarrassées des parasites
venus d’on ne sait où
de derrière les mesures 
et les points d’exclamation
armés de bécarres
ou d’allégories les gueux

- mais la nuit
dans le noir
ils viendront
les parasites
comme des rats affamés
des serpents à sonnettes
les sans papier
les sans note les sans mot
ils se glisseront dans vos rues
et pendant que vous dormirez
ils fouilleront dans vos poubelles
derrière vos murs et vos maisons
pour s'enfuir avec des trésors
de sens et de beauté
dont ils feront des étendards
de toutes les couleurs
armes de la victoire finale
sur la fatalité

aux pages citoyens
noircissez-les

Texte de Luc Fayard inspiré par l’actualité de ce fabuleux dessin des balayeurs de notes , probablement sur une partition d’Eugène Ketterer, dessin dont je n’ai pu retrouver la source ; si vous l’avez, donnez-la moi s’il vous plait, j’ai horreur de publier sans sourcer. Merci. 
Voir la mise en scène dans Galerie Amavero

éveil

on peut errer
longtemps
dans le noir
sans savoir
qu’au fond de son être
naissent déjà
les nouveaux rayons
de lumière
un jour ce sera l’éveil
les sens purifiés
s’accorderont
à la vibration
d’un monde disponible
et ce jour-là
tout sera possible

réceptacle

il faut marcher
sous ces arbres
sentir les parfums voler
voir les couleurs s’épauler
vibrer de cette vie multiple
l'énergie pure
faire le silence en soi
ne plus être
qu’un réceptacle absolu
des cadeaux de la forêt
de ses bruissements de larmes
qui vous font

vivre

penser qu’on peut exister
comme un diaporama où la pensée nage
sur l’océan bleu des mirages
créés d’instants juxtaposés

dans une vie multi strates
croire à l’obligation d’un sens
créé par le flux des convergences
quand ne vivent que dérives disparates

on voudrait s’imaginer
habitant d’un monde récent
on n’est que nervure de présent
dégoulinant de passé

dans la vie informe
rien ne se crée
rien de secret
ni les espoirs ni les candeurs 
ni les sourires ni les malheurs
ni les passions ni les regrets
tout se transforme 

même l’amour n’est plus ce qu’il était
alors dites-moi
qui suis-je 
sinon l’écriture d’un point d’interrogation
orthodoxe de la fluidité
paradoxe de la futilité

plus on s’interroge moins on sait
et plus on se persuade qu’on existe
sans savoir où on va
ni pourquoi on est là

qui peut me donner l’ambition
d’être au-delà de moi
comment vivre ma vie d’émoi
dans cette impermanence
plus je passe et m’use
plus les questions fusent
quel est le sens de ma vie passée
qui peut me convaincre 
que je ne suis pas rien
que je suis vraiment

autre chose que 
la goutte d’écume chassée par le vent
l’écorce de terre pendue aux filandres
le zigzag de lumière dans les méandres
le jour et la nuit fondant lentement

autre chose que
les notes de musique s’élançant en spirale
les non-dits auteurs de tensions inutiles
le théâtre obscur du verbiage futile
le brouhaha grossier d’un monde qui râle

autre chose que 
ce cri noué dans l’âme
cette pensée en va et vient
cette répétition muselée
comme un bourdon qui plane

heureusement 
il me reste un territoire inviolé
mes rêves mes nuits 
tintamarre d’absurdités
mélange d’âges et de lieux
voilà peut-être la seule réalité
ce capharnaüm étoilé

vivre c’est rêver
mais je ne suis pas fou
on peut tout omettre
quand il reste la vie donnée 
la seule vérité
qui peut rendre heureux
le seul concert audible
ces yeux qui me regardent
comme si j’existais pour eux 
ils me sourient ils me gardent

à tous ces futurs je dirai
merci de me tenir en haleine
je ne sais pas où je vais mais
avec vous le voyage vaut la peine

dehors dedans

dehors
bleu blanc vert
couleurs prégnantes
avions filant
vers leur destin
joyeux cris d’enfants
montant de la vallée
les oiseaux discutent
revenus de loin
sans me dérider

dedans
rien ne sourit
mes sens reliés au monde
ne m’y ont pas attaché
je ne saurais jamais
qui je suis
spectateur de ma vie
toujours en attente
de quoi

vibrations

j’aime le soleil après la pluie
lorsque le silence dans l’air luit
que d’un trottoir las délavé fume
l’éclat vaporisé du bitume

la ville virginale frémit
les longs arbres sorciers se délient
triste une larme d’éternité
purifie les hommes statufiés

au loin j’entends le grand gong vibrant
jour nuit ciel la terre est frottement
la lumière est blanche la mort fuit
seul le soleil règne après la pluie
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier