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trinité

tout est difficile aimer chanter
seul rêver est facile
s'abstraire du réel fuir
oublier le passé
 
tout est difficile parler sourire
seul partir est permis
toujours en utopie
se voir là-bas plutôt qu'ici
 
tout est difficile vivre factice
seul écrire est vrai
bâtir sa réalité
ses murs sa forteresse
 
tout est difficile corps chargé
seule l'âme est légère
quand elle se libère
d'une transparence évasée
 
tout est difficile dire oui
dire non peut seul être acquis
dire je ne sais pas j'attends
je ne saurai rien du néant
 
tout est difficile dans tes yeux
seuls qui me scrutent
spectateurs incultes
de mon souffle nerveux
 
tout est difficile pleurer souffrir
seul un gémissement
trace l'ineffable soupir
de ce qui jamais ne ment
 
tout est difficile aujourd'hui
seul demain peut attirer
d'autres cœurs épris
après avoir tant pleuré

tout est difficile même dire
tout est difficile
quand tu cries je t'aime
au fond de la nuit blême

tout est difficile sauf croire en toi
l'eau claire et le torrent
la lumière et le chant
tout devient possible pour moi

tout devient possible grâce à toi
sur le chemin aux trois sens
direction sentiment connaissance
tu es la trinité de ma vie de roi

éternelle universalité de la douleur

quand leurs maris sont partis
il y a des siècles semble-t-il
les deux femmes bouddhistes
sont entrées au temple de Gandan
chaussées de leurs bottes mongoles
elles y sont restées
leurs doigts égrenant le temps
sur de longs chapelets ridés

les jours de marché
assises là dans ce recoin
toujours le même
recroquevillées
sur les marches du temple
aussi usées qu’elles
elles parlent à mi-voix
des gens qui passent 
avec le temps
comme s’ils avaient de l’importance
et ils doivent en avoir
puisqu’elles sont encore là pour en parler

chaque fois qu’elles se retrouvent
la conversation reprend
à l’endroit exact où elle s’était arrêtée
elles commentent de minuscules épisodes
le fil de la vie se déroule
c’est le tout qui forme le monde
tout se raconte
plus rien ne les surprend
mais tout les intéresse
surtout les choses du dedans
car leurs yeux plissés de compassion
sont tournés vers les âmes qui souffrent
les sans voix les solitaires les épleurées
celles qui subissent en silence
l’éternelle universalité de la douleur

tourbillon

elle tourbillonne sans connaître sa force
moi je n’ai que des mots
elle est le tronc moi l’écorce
incroyable elle entre sans permis dans mon cœur
tandis que je gratte le sien coucou bonheur
elle est la vie qui bouge et bondit
avec elle tout est beauté
elle est la compassion née
chez elle est tout est vrai
elle souffre avec ceux qui crient
elle sait pleurer comme un gouffre
et moi je me terre de peur de sombrer
inassouvi le cœur buté
et pourtant pourtant
si j’avais le temps
je lui dirais les mots ne sont pas que des mots
ils sont aussi un bout d’âme brute 
un morceau d’éternité
oui j’oserais dire l’infini face à la vie
je lui dirais
l’amour est une forteresse contre la mort
que je bâtis autour de toi mauvais maçon
ivre de mots remparts leviers pinceaux
mon tourbillon ma vérité
calligraphie de mes sentiments agités
ma respiration petit grain de blé
un poisson bouche ouverte vers l’immensité
ma réponse une pause un bras
un paysage qu’elle seule reconnaîtra
elle saura que j’en suis l’auteur
riant de toutes mes erreurs
des feuilles de hêtre sur un tronc de platane
elle me dira tu peins comme un âne
et elle m’embrassera attendrie
rêvant devant ce soleil éternel
que moi seul aura su créer pour elle
la tête sur mon épaule 
alanguie
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier