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voyage

la route la mer et les pins
invitation au voyage
sans commentaire
sans prospectus
rien à dire 
mon enfant ma sœur
il n’y a plus qu’à partir
sous le ciel brouillé
multicolore
vers l’aventure
partir seul
pour mieux découvrir
ce qu’il y a là-bas
au bout de la route

l'eau qui te sauve

la nuit règne l’absurde
le jour l’incolore
les mots résonnent vides
comme des falaises guettant la mer 
où de grands rochers muets 
camouflent leur récit
le soleil se dérobe
te laissant seul 
face au néant

même les chiens errants
marchent l’œil triste et bas
le silence ne sert à rien 
quand tu es sombre et las
tu n’as rien à pleurer
ni à regretter
rien à oublier
l’ombre pieuvre s’étend
tassant les reliefs du passé
ta vie s’étale plaine rase
fatal désert de la banalité

et puis 
de très loin
lentement
fantômes errants devenant réalité
se dévoilent en procession
la pensée d’un sourire 
l’odeur douce d’une peau caressée
une flèche de lumière dans les nuages percés
des taches s’élargissant en bleu et blanc
pour colorier un nouvel univers

alors 
les cônes de pluie s’éloignent
la tristesse se dissout dans les limbes

et surtout 
ton cœur bat
quand tes pieds nus se crispent sur le sable
tout revient 
dans une bouffée submergée de sens
exquise tiédeur
mécanisme huilé de la pression 
talon plante orteils 
pointillisme de la texture
plaisir inégalé de cette marche unique 
éphémère
la longue trace de tes pas
bientôt couverte par la mer

as-tu remarqué
c’est toujours l’eau qui te sauve
le souvenir de son odeur salée
le cycle du roulement de la marée
l’écume qui point avec le vent
il suffit que tu songes 
à une plage nue d’hiver
sur le relief breton
pour que tu plonges 
et t’immerges sans raison
dans le non-dit de l’enfance
à nouveau tu avances
à nouveau tu espères

jamais seul

je suis seul dans le désert de sable
quand survient un berger en mobylette
cherchant quelques chèvres 
disparues pendant sa sieste
ensemble nous avons pris le thé en riant

je suis seul sur mon bateau
dans l’atlantique alizé 
quand je croise un grand voilier 
en course autour du monde
j'ai la priorité mais je le laisse passer
je reçois le salut des équipiers

je suis seul dans la forêt ronde
quand je vois un écureuil 
effrayé par un chevreuil 
effrayé par moi
je pars sur la pointe des pieds
mais le mal est fait

je suis seul sur la page blanche et rose
quand les mots viennent et me sauvent

je suis seul dans la foule dense
et je le suis resté longtemps
jusqu'à ce que reviennent ces moments
qui me disent la même chose

dans ma vie d’actes et de pensées
plus jamais seul je serai entouré à toute heure
de mes souvenirs autour du coeur
et de mon passé entrecroisés

fous de mer

il se croit seul
en pleine mer
moi aussi 
sur l'océan féérique
nous nous sommes reconnus
dans la nuit mosaïque
solitaires au coeur nu
lui oiseau de mer épuisé
qui n'a rien à faire ici
moi marin absorbé
par les heures de veille
qui réveillent le passé

l’oiseau s'installe sur les filières
il danse à l'aise
je n'ose lui jeter un œil
de peur de l'effrayer
pour lui je n'existe pas
je suis à la fois
agacé de son mystère
et touché par sa grâce 
j'essaie de barrer sans à-coup
pour ne pas effrayer l’animal
une gageure dans l'atlantique
le cap ne fut pas fin cette nuit-là
 
branlé par la houle
il bouge comme un fou ce fou
qui n'est pas un fou 
mais un cormoran égaré
qui se dévisse le cou

je pense qu'il dormit
à un moment je le vis
la tête sous l'épaule
le corps oscillant
au rythme du bateau
soulevé par la mer

à l'aube il disparut
sans me dire au revoir
je ne vis n'entendis rien
ni souffle ni soupir

mais maintenant je le sais
grâce à lui l'oiseau fatigué
en pleine mer en pleine nuit
je ne serais plus jamais seul 
à toute heure
pensant à lui
je vivrais pleinement ma vie
au mitan des océans ou d’ailleurs 

à  J.V. et Golok  
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier