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Toi qui t'es tu

Qui es-tu
toi qui t’es tu ?
Toi qui ne pépies plus.

Sur un fil tendu,
je t’ai entraperçu.
Je me suis reconnue.
Deux pattes frêles,
et un ersatz d’ailes,
un cœur-citadelle
en guise de maison,
et nos imperfections
comme belle toison.
Dans nos silences,
Naissaient les confidences,
nos histoires d’errance.
Et sur ce fil tendu,
toi qui ne pépiais plus,
moi,
je t’ai entendu.
Un moineau ordinaire,
ni bavard, ni disert,
qui dans son nid d’hiver
tendait ces ailes pour ressembler
aux vautour ou aux éperviers
aux aigles épris de liberté.

Toi tu te sentais grêle,
perché sur ta ficelle.
Petit, si petit
au milieu des géants.
Moi, je me sentais fragile,
assise dans la ruelle,
petite, si petite,
et presque insignifiante.

Nous nous racontions nos histoires,
sans un mot, sans parler.
Dans nos regards noirs,
nous lisions les secrets,
et nos ailes brisées,
et nos corps chétifs,
et nos coeurs sensibles,
et nos silences débiles.

Et dans un cri, fébrile,
moi je t’ai chantonné :
« Je t’aime, tel que tu es ».
Et toi petit oiseau,
que je trouvais si beau,
tu t’es mis à chanter.
Bien mieux que l’épervier.
Bien mieux que le corbeau.
Et moi, avec mon coeur d’enfant
au milieu des titans,
je me suis mise à danser,
Je me suis mise à aimer.
Bien mieux que ces furieux,
Que ces gens trop sérieux,
Bien mieux que les gens normaux
Qui ne parlent plus aux moineaux.

Texte et musique : Léa Cerveauillustré par une image de l'IA Canva
à voir en "Poésique" dans Galerie Amavero

toucher le bout de l'arc-en-ciel

- je veux toucher le bout de l’arc en ciel
s’il le faut je prendrais un bateau
mais j’ai peur de me perdre en mer
et d’errer comme un vaisseau fantôme

- contemple d’abord ses couleurs
fais les chauffer dans ton cœur
imagine les pays survolés
les gens éblouis la tête en haut

- je veux partir je ne peux rester la
l’arc a tracé mon chemin
il me dit viens envole toi
emporte tes rêves qui vont surgir

- l’arc lui-même est un rêve
visible de partout dominant tout
mais il n’est qu’un piège de lumière
tu pourrais le traverser sans le voir

- je veux danser sur les étoiles
rire au vent frais du chemin
gonfler mes poumons gonflés d'air marin
et mon cœur battre au rythme de mes pas

l’enfant grimpa sur l’arc en ciel
et disparut avec lui dans les nuages blancs

toujours bleu

nous ferons des pirouettes
sur un fond de ciel bleu
nos graciles silhouettes
se prendront par la main
pour marcher dans la rue
et courir dans la jungle
les enfants souriront
de nos jeux espiègles
et quand la nuit viendra
le noir aussi sera bleu

contes

dans un pays
de montagne et d’eau
vivaient des animaux étranges
à moitié transparents
doués de langage
et d’émotion
ils savaient dessiner
sur les rochers de grès
et raconter des contes
doux et colorés
aux enfants curieux
qui venaient près d’eux
dans ce pays en demi-teinte
la vie coulait comme l'eau

siffler

bien choisir le brin
une herbe forte longue
pas trop large
la tendre haut et bas
entre les deux pouces serrés
et souffler les lèvres pincées
pour produire
ce sifflement tant attendu
qui emplit le cœur de joie
alors on est un oiseau
qui vole sur les collines
et domine le pays
la nature est à nous

enfant bleu marine

rouge et bleu forts
teintes veloutées
des yeux perçants
comme des phares
l’enfant possède la beauté
d’un caractère trempé
la bouche bien dessinée
il pose pour nous
ferme et tranquille
il sait déjà
qu’il fera parler de lui

sur un banc

jeunes filles rangées
sur un banc de parc
trop sages
lisant ou rêvant
la tête baissée
dur d’être 
le centre du monde
autour d’elles 
tout est vivant
mais flou
sans importance
leur coeur bat fort
et les entraîne loin
celui se souvient
de ses rêves d’enfant
sur un banc de parc
n’est pas tout à fait mort

inspiré par : Sur un banc du Bois de Boulogne (Berthe Morisot)

ponton

le ponton est une promesse
de départ d’aventure
saut vers l’ailleurs
rupture avec le passé
que de têtes tournées
vers les couchers de soleil
de serments échangés
au clair de lune
d’enfants rieurs jouant
sur les vieilles planches
toute une vie s’y est déroulée
tout un futur s’y invite

enfant à la plage

le sable ça gratte
les petis grains se faufilent
entre mes doigts de pied
c’est quoi toutes ces odeurs
lourdes et grasses 
j’ai quand même envie
de respirer un grand coup
là-bas j’entends les mouettes
et leur drôle de rire rauque
je vois la mer qui s’en va
sous la poussée des vagues
je suis indécis
devant tant de vie
mais je le sens
sur cette plage
je n’ai besoin de personne
pour exister

enfant animal

méfiant 
toujours aux aguets
le singe pourrait être
un enfant animal 
qui se souvient 
de la souffrance
prêt à vivre 
à tout prix
malgré la jungle 
et le noir
il ravale ses pleurs
jamais tu n’oublieras
ce regard aveugle
pénétrant
qui te broie l’âme
et t’interroges
qui es-tu donc
vivant à moitié mort
qui n’ose parler de toi

lumière et vie

elle me dit
que la lumière soit
mais la lumière fuit
elle insiste elle me dit
je suis la lumière
alors pour lui plaire
j’imite Giono
si tu veux ta place au soleil
ne cherches pas à faire de la place
fais du soleil

subjugué par le sortilège
je saisis mon crayon sacrilège
j’écris longtemps fiévreusement
de tout mon être frémissant
je veux du soleil et de l’ombre
sur les murmures des enfants
je veux des rayons de folie
sur les silences des murs blancs
transperçant le fil de la vie
j’entends la vibration du monde
née de chaque instant altérable
distillé par l’infinie ronde
des joies et peines insatiables
le soir ensemble tapis
on écouterait 
la douce nuit tomber
sur nos têtes alanguies
on pleurerait un peu
sur le passé sinueux
sur les destinées mystérieuses
l’élégant ciel de Provence 
rose et bleu
serait strié
de ses trainées vaporeuses
la cigale infatigable 
continuerait de pousser
son cri rogue et nu
d’un air peu aimable
sans souci du noir venu

et le matin 
la lumière clamerait 
je suis là
à nouveau
plus forte qu’hier
plus déterminée

ici même l’ombre te donne la force de vivre
à la frontière de couleurs infinies
tu discernes tout 
les peines et les envies
les chagrins et les désirs
tu vois la vie qui s’agrandit de courbes floues
tu vois les mains qui se tendent et se nouent
tu vois les yeux des autres qui te disent vas-y
pleure aime joue ris
tu vois l’amour qui enveloppe tout
dans ses bras ivres et doux
ton cœur apaisera ses cris

le violent torrent de ton âme
grâce à ces yeux affectueux
suivra un cours moins frénétique
goûtant même l’égarement
le temps devenu flegmatique
vibrant au rythme du présent

alors
plein de gaieté reconnaissante
ce jour serein de l’accalmie
à ta jeunesse impatiente
je dirai simplement merci
d’avoir su me parler 
juste quand il le fallait
de lumière et de vie

à L.

las des brumes

las des brumes
délabrées
l’enfant hume
l’air vicié

secouant
nez et tête
sur des joues
maigrelettes

il s’en va
respirer
tout là-bas
un air frais

cercle infini de l'enfant

je suis
la fleur rougissante du soir
le vent sentimental et dense
le chevreuil campé dans le noir
la forêt plantureuse en transe

je suis
la pluie marbrée bue goulûment
le nuage arrondi en pleurs
le rêve du monde écumant
la voie de l’ange du bonheur

je suis
la vie sauteuse de barrières
le chuchotement indistinct
le mot où la pensée se terre
le silence brutal divin

je suis
la friction de dissentiment
la pierre sur quoi trébucher
le poisson limpide et gluant
le lac abyssal encerclé

je suis
le buisson de varech errant
la fourmi peureuse aux aguets
le papillon virevoltant
l’herbe consumée par l’été

je suis plus que chaque élément
je suis la chaîne reliant

la fleur butinée par le vent
le chevreuil dansant en forêt
la pluie des nuages pleurants
le rêve d’anges métissés
la vie qu’on voudrait chuchotée
le mot pensé plein de silence
le heurt de la pierre butée
le poisson du lac d’abondance
le varech cachant les fourmis
le papillon herbe de vie

comme un grand ensemble une roue
je suis l’enfant qui perçoit tout

accent aigu

tu portes dans ton nom
un a accent aigu 
comme seuls sont aigus 
les chants d’amour fou 
toi le don de Dieu 
tu es née princesse 
et le monde t’appartient déjà 
tous les regards tournés vers toi 
te disent leur passion et leur joie 
tu as les joues d’un bonheur si plein 
le dessin de lèvres si fin 
que ton âme sera grande et fière 
si forte et douce et belle 
tu seras l’éclair et le temps 
comme l’eau la mer et le vent 
ces joues ces yeux ces lèvres 
ont agrandi la lumière 
dans les yeux de ta mère 
qui te couve princesse bébé 
comme jamais ne fut couvé un enfant 
ton blason aux deux couleurs 
flottera sur le monde à toute heure 
comme un étendard d’amour 
une porte ouverte dans les murs 
ce monde que tu regardes déjà 
tranquille et forte 
gourmande et sereine 
ce monde là tu en seras reine

bel archipel

La première île est grande et majestueuse
Du haut de ses collines luxuriantes
Elle contemple la mer et le monde
D’un cœur empreint de compassion
Les anses de ses abris
Sont multiples et cachées
Elles murmurent :
Seuls sont ici protégés
Ceux qui ont soif d’aventure
Et faim des autres
Du bout de l’horizon, on y vient
S’y rafraîchir à l’eau pure de ses sources

La deuxième île est plus petite
Mais tout aussi fière
Un sable blond et doux la déborde gaiement
Elle ouvre ses bras en souriant
Et vous invite à la douceur
Si la mer est calme dans ses baies
Parfois le vent siffle
Aux cimes de ses arbres
Quelques rochers épars la protègent
Ils disent en fronçant les sourcils :
Voici un pays nouveau
Qui aime l’eau
La boire et la donner
A qui sait la goûter

La troisième île est gracile et forte
Les arbres songeurs y penchent un peu la tête
Comme pour vous saluer en passant
Mille sentiers odorants
Y serpentent en flânant
Le vent porte les sons variés
D’un monde habité de désirs
On y parle des langues musicales
Ses côtes escarpées avancent loin
Comme si elles voulaient fendre la mer
Elles inventent des formes nouvelles
C’est une figure de proue
Une cathédrale

La dernière île a surgi après les autres
Plus jeune elle est plus vive
Tout y pousse en tout sens
C’est une jungle heureuse
Qui souffle la vigueur et la joie
Elle aime le soleil et craint la nuit
Quand tout se cache et se tait
Alors, en guettant le jour qui vient
Elle dit : Je suis la vie, je suis la flèche
Je suis le début d’un autre monde
J’enfanterai des îles et des îlots
Où tout sera clair et beau
Et on la croit ma petite île

Les quatre îles de l’archipel
Sont baignées de la même mer
Nourries de la même terre
Sang du même sang
Elles sont des âmes belles et fières

amavero

nous vieillirons à tour de rôle
toi et moi épaule contre épaule
avec nos murmures nos regards
ce qu’on devine derrière les fards
nous deux chien et chat yin et yang
arbres enracinés héritiers du big bang
portés l’un par l’autre toi vague et moi vent
toi l’oiseau léger moi l’ours fatigué mal aimant
nous vieillirons ensemble marchant les ombres mêlées
nous contemplerons longtemps les étoiles dans nos mains ridées
nous bercerons les enfants des enfants de nos enfants je le sais
leurs petits cœurs tic tac diront toc toc je peux entrer
nous vieillirons ensemble je veux que tu le saches
avec nos cœurs flamboyants avec nos taches
je suis ta main ton cœur pur je suis ta peau
tu es mon âme tu es le trouble de mon eau
nous passerons d’âge en âge sans remords
et pour se surprendre se regarder encore
et pour rire rire toujours plus haut
l’éternité ne sera pas de trop

Hommage à François Cheng, auteur de "L'éternité n'est pas de trop" (Albin Michel)
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier